La cire du palmier dattier, gage de sa survie
Publié le - par le blob
En 1956, le botaniste Otto Ludwig Lange observa un phénomène inhabituel dans le désert mauritanien : des plantes dont les feuilles pouvaient chauffer à 56 degrés Celsius. À l’époque, le professeur a été incapable d’identifier les mécanismes permettant à ces feuilles de supporter de telle chaleur sans se dessécher. Plus de 50 ans plus tard, le mystère a été éclairci par deux autres botanistes, Markus Riederer et Amauri Bueno de la Julius-Maximilians-Universität Würzburg (JMU) en Bavière.
Pour comprendre ce que les deux scientifiques ont découvert, il faut s’intéresser à la structure des feuilles. Celles-ci ont une peau (cuticule) généralement invisible à l’œil humain, sauf pour certaines plantes comme la tomate. La cuticule est couverte par une cire qui diminue la mouillabilité de la surface et réduit la perte d'humidité. La cuticule et la cire agissent comme une feuille de plastique très fine. Sans cette cuticule, la feuille de la plante se dessèche rapidement : la perméabilité à l’eau d’une cuticule est même inférieure à celle d’une feuille en plastique. La peau de la plante n’est pas une couche continue : elle contient de nombreux pores, appelés stomates, qui peuvent s’ouvrir et se fermer. C’est grâce à eux que la plante « se nourrit » en absorbant le dioxyde de carbone nécessaire la photosynthèse. Le problème est que chaque fois que les pores s’ouvrent pour absorber du dioxyde de carbone, l’eau s’évapore. Par conséquent, les plantes du désert doivent continuellement ajuster leur comportement pour conserver un bon équilibre. Or, dans des environnements identiques, les stratégies sont différentes selon les plantes.
La coloquinte (Citrullus colocynthis), également appelée concombre amère, vit dans des oasis et des oueds qui s’assèchent sur de longues périodes. Parente sauvage de la pastèque, elle ouvre ses pores lorsqu’elle est exposée à la chaleur afin de refroidir les feuilles par transpiration. La plante peut se le permettre parce qu’elle dispose d’une racine très profonde capable de puiser l’eau au fond du sol désertique. La coloquinte parvient ainsi à maintenir sa feuille à une température inférieure de 15 degrés à l’air du désert et à conserver une grande quantité d’eau.
Le palmier dattier se comporte assez différemment. Contrairement à la coloquinte, c’est un économiseur d’eau. Parce que la palme ne « transpire » pas, ses feuilles atteignent parfois des températures extrêmement élevées : parfois jusqu’à 11 degrés au-dessus de la température de l’air. Sa résistance tient à la cire qui recouvre ses feuilles. Différente de celle de la coloquinte, la cire du palmier dattier peut résister à des températures élevées.