Face aux dérives sectaires, l'Assemblée approuve finalement le délit de provocation à l'abandon de soins
Publié le - par Le Blob, avec l'AFP
L'Assemblée nationale a finalement approuvé mercredi la création d'un nouveau délit de « provocation à l'abandon de soins », dans le projet de loi de lutte contre les dérives sectaires. Cette mesure intervient dans une ambiance houleuse, après une nouvelle délibération demandée par les macronistes.
Face aux « gourous 2.0 » et leurs fausses promesses de guérison du cancer par des « injections de gui » ou des « jus de citron », l'exécutif tient à cette nouvelle infraction. Ainsi, elle punit la « provocation au moyen de pressions ou de manœuvres réitérées » à l'abandon de soins, exposant à des « conséquences graves » pour la santé. Mais le camp présidentiel avait été mis en échec mardi soir par une coalition des oppositions, rejetant cet article par 116 voix contre 108, comme l'avait fait le Sénat fin 2023. Les députés LFI, LR et RN dénoncent une menace pour « les libertés publiques » et pour les « lanceurs d'alerte » qui critiquent l'industrie pharmaceutique.
Malgré les protestations dans l'hémicycle, le député Renaissance Sacha Houlié a demandé mercredi une nouvelle délibération, au nom de la commission des Lois dont il est le président. Seulement, l'annonce de ce second vote a aussitôt provoqué l'indignation des opposants à cet article. Le RN Thomas Ménagé a reproché au camp présidentiel de « bafouer le vote de la représentation populaire ».
L'article modifié par la majorité a finalement été adopté par 182 voix contre 137, avec le soutien du PS notamment. Le socialiste Arthur Delaporte a salué le retour de cette mesure, « plus que jamais nécessaire » pour « défendre la science » alors « que des gens disent des choses inacceptables sur les réseaux sociaux ».
Il a été réécrit pour qu'il ne « s'applique pas aux lanceurs d'alerte », a souligné la rapporteure Renaissance Brigitte Liso.
Ce nouveau délit de provocation à l'abandon ou l'abstention de soins serait passible d'un an d'emprisonnement et de 30.000 euros d'amende, des peines portées à trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende quand la provocation a été suivie d'effets.