Estimer l’âge des organes humains pour mieux prédire les maladies
Publié le - par Véronique Marsollier
Estimer l’âge biologique d’un organe grâce à un test sanguin est désormais possible. En effet, une équipe de chercheurs de l’université de Standford aux États-Unis a mis au point une nouvelle méthode d’analyse des organes chez l’homme. Avantage : celle-ci pourrait permettre – bien plus facilement – de prédire le risque de maladie et les effets du vieillissement, selon l’étude parue le 6 décembre 2023 dans la revue Nature.
Le vieillissement entraîne une détérioration de la structure et de la fonction des tissus et augmente considérablement le risque de développer des maladies chroniques. Des études ont montré chez l’animal que le vieillissement varie entre individus et également entre les organes d’un individu, ce qui n’avait jamais été validé jusqu’à présent chez l’homme.
De nombreuses méthodes permettent déjà de mesurer le vieillissement moléculaire chez l’homme, mais la plupart d’entre elles ne fournissent qu’une seule mesure du vieillissement pour l’ensemble du corps. Celle-ci est d’autant plus difficile à interpréter que la façon dont les organes humains évoluent avec l’âge, au plan moléculaire, est encore mal connue.
Apprentissage automatique
L’équipe de Standford eu l’idée d’évaluer le niveau de protéines du plasma sanguin humain en l’associant à des modèles d’apprentissage automatique de vieillissement des organes provenant de 11 organes majeurs, dont le cerveau, le cœur, le rein, chez 5 676 sujets adultes.
Résultat : après avoir estimé l’âge des organes, ils ont constaté que près de 20 % de la population présentent un vieillissement fortement accéléré dans un organe, et 1,7 % dans plusieurs organes. Le vieillissement accéléré des organes augmente le risque de décès de 20 à 50 %, certaines maladies spécifiques étant corrélées à un vieillissement plus rapide de ces organes.
Ainsi, un vieillissement accéléré des reins serait lié à un risque accru de diabète et d'hypertension, les personnes présentant un vieillissement cardiaque accéléré présentent elles un risque accru de 250 % d’insuffisance cardiaque. Quant au vieillissement cérébral et vasculaire accéléré, il permet de prédire la progression de la maladie d’Alzheimer aussi fortement que la protéine tau phosphorylée (une caractéristique majeure de la maladie), qui est actuellement le meilleur marqueur diagnostique sanguin de la maladie d’Alzheimer.