Derniers morts de l'espace : il y a 20 ans, Columbia explosait en rentrant dans l'atmosphère
Publié le - par LeBlob.fr, avec l'AFP
Le 1er février 2003, Columbia se désintégrait au-dessus du Texas, dans un mélange de brouillard épais et de bruit assourdissant, fauchant la vie de sept astronautes et accélérant la mise à la retraite des navettes spatiales américaines.
« Columbia, ici Houston (…) Nous n’avons pas capté le dernier (message)… ». Réponse du commandant de bord : « Bien reçu, mm… ». La communication est rompue.
Il est 8 h 59 sur la côte est des États-Unis. La navette américaine Columbia s’approche de la Terre à plus de 21 000 km/h. Quelques minutes plus tard, elle se désintègre dans une lueur orangée visible 61 km plus bas.
Une pluie de métal incandescent s’abat sur une partie du Texas et de la Louisiane.
Une cassette vidéo, retrouvée plus tard avec des débris, immortalise des astronautes insouciants, collés aux hublots de la navette une dizaine de minutes avant l’accident.
« C’est orange vif, jaune, tout autour du nez » de la navette, commente l’un deux. Columbia entre alors dans l’atmosphère, s’entourant d’une boule de plasma à très haute température.
Les images se troublent puis virent au noir quatre minutes avant que le centre de contrôle de la mission à Houston (Texas) ne décèle les premiers problèmes d’instrumentation de Columbia.
Selon le rapport final de la Nasa, les astronautes ont eu le temps de réaliser qu’il y avait un problème, le pilote ayant tenté de reprendre le contrôle « avant la perte de connaissance » de l’équipage sous l’effet de la dépressurisation de la cabine.
Ils étaient sept à bord, six Américains et un Israélien, cinq hommes et deux femmes. Ils restent à ce jour les dernières victimes de l’espace, dix-sept ans après l’explosion de la navette américaine Challenger en 1986.
Columbia s’était envolée mi-janvier de Cap Canaveral pour une mission scientifique en orbite. C’est alors son 28e vol.
81,7 secondes après le décollage, un morceau d’isolant de la taille d’une valise se détache du réservoir central et vient percuter le bord de l’aile gauche, fissurant le bouclier thermique.
Des techniciens demandent à plusieurs reprises l’inspection visuelle de la navette avant sa rentrée sur Terre. Sans résultat.
Seize jours plus tard, la brèche laisse pénétrer les gaz très chauds (plus de 1 000 degrés) générés par la friction de la navette avec les couches supérieures de l’atmosphère. La structure d’aluminium de l’aile gauche se met à fondre et se casse.
« Nous sommes convaincus que les pratiques de gestion régissant le programme de la navette spatiale (Columbia) sont tout autant une cause de l’accident que l’isolant qui a frappé l’aile gauche », écrivent, sept mois plus tard, les treize enquêteurs du Conseil d’enquête (CAIB).
Leur rapport de 250 pages met notamment en lumière des « causes organisationnelles », « ancrées dans l’histoire et la culture » de l’agence. Les auteurs dénoncent « les ressources limitées, les priorités fluctuantes, les pressions au lancement… », et éreintent la Nasa pour le non-respect des procédures de sécurité et sa tendance à se reposer sur des succès passés.
Ils estiment également qu’une opération de sauvetage de l’équipage aurait pu être tentée.
Les navettes américaines représentent un système de transport spatial spécifique. Constituées d’un avion spatial emportant équipage et satellites, de deux accélérateurs à poudre et d’un réservoir externe, elles sont récupérables, une nouveauté.
Cinq seront envoyées dans l’espace : Columbia, Challenger, Discovery, Atlantis et Endeavour.
Après l’accident de 2003, l’administration Bush décide de tirer un trait sur le programme : les trois navettes encore en exercice prendront leur retraite en 2011 dès la Station spatiale internationale (ISS) achevée.
Jusqu’en 2020 et la reprise des vols avec la société privée SpaceX, les États-Unis dépendront de la Russie pour acheminer des astronautes vers l’ISS.