Des chercheurs de Yale ont réussi à identifier la cause génétique d’une maladie infantile rare, qui s’apparente à un trouble inflammatoire de l’intestin. Une découverte qui pourrait permettre de mieux comprendre de nombreuses maladies chroniques de ce type.
« C’est passionnant de commencer par un patient malade, et d’aboutir à la découverte inattendue d’un nouveau gène, qui joue un rôle fondamental dans la régulation de l’inflammation, » a déclaré Carrie Lucas, maitre de conférences en immunologie à la faculté de médecine de Yale, et autrice de l’étude.
Ses résultats, publiés le 29 juillet dans le journal Nature Immunology, raconte le mystérieux cas d’un jeune garçon suivi à l’hôpital de Yale pour des douleurs abdominales, poussées de fièvre, aphtes et diarrhées.
C’est après avoir séquencé son génome et celui de ses parents en bonne santé que l’équipe de Yale a pu identifier l’origine de ses problèmes. Il s’agit d’un variant du gène ELF-4, un facteur de transcription régulant lui-même l’expression d’un grand nombre d’autres gènes. C’est cette anomalie génétique qui bloquait le fonctionnement habituel d'ELF-4.
Et cette même anomalie a été trouvée chez d’autres enfant souffrant de symptômes similaires, après que l’équipe a contacté d’autres spécialistes de maladies rares. Depuis, de nouveaux cas continuent d’être identifiés dans le monde. Ce trouble est maintenant appelé « Déficience de ELF4, lié à X ».
Un enfant sur 5 000 est concerné par ces maladies inflammatoires dues à la mutation d’un seul gène.
D’après les scientifiques, les symptômes du garçon sont identiques à ceux associés à d’autres maladies inflammatoires de l’intestin comme la maladie de Crohn ou les colites ulcéreuses. On ignore encore leur cause, mais on soupçonne le microbiome et une composante génétique d’en être responsables.
Après avoir identifié le variant du gène ELF4, le laboratoire de Carrie Lucas a pu étudier ses effets à la fois sur des cellules de patients et chez des souris. L’équipe a en effet pu introduire la mutation génétique à l’aide de ciseaux moléculaires CRISPR. Leurs travaux ont confirmé que le variant affectait le fonctionnement du gène ELF4 et provoquait d’intenses réponses inflammatoires chez un grand nombre de cellules immunitaires.
« Les effets généralisés du variant suggèrent que ELF4, et les gènes qu’ils ciblent jouent un rôle dans la régulation de l’inflammation dans de nombreux troubles, » confirme Carrie Lucas. « Cela va nous aider à créer une feuille de route moléculaire particulièrement utile pour comprendre et traiter de nouvelles pathologies par la suite. »