Covid-19 : la France au pied du mur face à la troisième vague
Publié le - par Le blob.fr, avec l'AFP
Cinq mois après l’entrée en vigueur du deuxième confinement, dont certains secteurs ne sont jamais sortis, la troisième vague de coronavirus met de nouveau la France au pied du mur, entre le spectre du tri des malades à l’hôpital et des restrictions sanitaires interminables qui risquent d’aller crescendo. À deux jours d’un conseil de défense sanitaire décisif autour du chef de l’État, qui se rend lundi à Créteil pour insister sur l’accélération de la campagne de vaccination, les indicateurs de circulation du virus ne montrent pas encore l’accalmie espérée.
Dans ce contexte, l’exécutif affronte la pression de médecins réclamant un nouveau tour de vis sanitaire, ce qui pose la question d’un confinement plus strict, écoles comprises. Selon les dernières données de Santé publique France, arrêtées à jeudi, le taux d’incidence a encore grimpé en Île-de-France à 640 nouveaux cas pour 100 000 habitants sur sept jours, tout comme dans les Hauts-de-France, à 502. Désormais, 57 départements ont un taux d’incidence supérieur au seuil d’alerte maximale (250) des autorités sanitaires, contre 42 cinq jours plus tôt, et seulement 23 au 10 mars.
« Choix terribles »
La semaine dernière, plus de 2 000 décès de malades du Covid ont encore été enregistrés à l’hôpital ou dans les Ehpad, malgré la campagne de vaccination (7,7 millions de premières doses injectées, 2,6 millions de secondes doses).
La flambée épidémique -- entre 40 000 à 50 000 patients testés positifs chaque jour la semaine dernière -- n’augure pas d’une baisse immédiate dans les entrées à l’hôpital, au moment où le nombre de malades soignés en réanimation (4 872) s’apprête à dépasser le pic de la deuxième vague de l’automne (4 903 le 16 novembre).
Dans deux tribunes distinctes au JDD et au Monde, des médecins hospitaliers ont donné de la voix pour alerter sur le spectre du « tri des patients » à la porte des réas. Des « choix terribles pour les soignants » que le ministre de la Santé Olivier Véran a assuré vouloir leur éviter, lors d’un entretien dimanche soir avec ces directeurs médicaux de crise, a rapporté son entourage.
« Le ministre a rappelé qu’il fallait vérifier ce que les mesures déjà mises en place avaient comme impact sur la réa, et que si cet impact était jugé insuffisant pour passer le cap difficile des trois prochaines semaines, le gouvernement serait amené à prendre rapidement des mesures supplémentaires », a-t-on expliqué de même source. Jeudi soir, Olivier Véran avait annoncé que 80 % de déprogrammations d’opérations seraient « sans doute » nécessaires dans les hôpitaux d’Ile-de-France afin de porter les capacités en réanimation à 2 250 lits, soit le double qu’en temps normal.
Ecoles
Au pic de la première vague du printemps 2020, le nombre de malades en réa s’était élevé encore plus haut en France, à environ 7 000, mais les médecins font valoir que cette fois, les transferts de patients dans d’autres régions sont plus difficiles, notamment face au refus des familles. Malgré les appels à serrer la vis, la majorité défend la stratégie de l’exécutif, celle d’un confinement en tout dernier recours. « Les décisions prises qui permettent de freiner la propagation du virus sont celles qui sont pertinentes d’un point de vue sanitaire et acceptables au regard des restrictions que les Français acceptent de respecter depuis déjà un an », a résumé sur Public Sénat la présidente déléguée du groupe LREM à l’Assemblée nationale, Aurore Bergé.
Les restrictions sanitaires en France sont déjà lourdes. Les restaurants, bars, salles de sports et lieux culturels (théâtres, musées, cinémas) n’ont jamais rouvert depuis le début du deuxième confinement et un couvre-feu, désormais à 19 h, est en place sur tout le territoire depuis la mi-janvier. Dans 19 départements, dont toute la région parisienne et les Hauts-de-France, les déplacements sont limités à 10 km sans dérogation. Restent les écoles. « Elles doivent rester ouvertes aussi longtemps que c’est possible de le faire », assure Aurore Bergé. Mais le président de l’UDI et député de Seine–Saint-Denis, Jean-Christophe Lagarde, a écrit lundi au chef de l’État pour demander « la fermeture immédiate des écoles, collèges et lycées » dans son département, où le taux d’incidence est le plus élevé de France, à 789, plus de trois fois au-dessus du seuil d’alerte maximale.
À partir de lundi, un seul cas de Covid-19 doit déclencher la fermeture d’une classe dans ces départements sous confinement léger. Au dernier décompte officiel, vendredi, 3 256 classes étaient fermées contre 2 018 une semaine plus tôt (sur 528 400), ainsi que 148 établissements sur 61 500. Au lycée Eugène-Delacroix de Drancy (Seine–Saint-Denis), où des professeurs ont exercé leur droit de retrait, 22 classes sont fermées lundi. « Les écoles vont finir par fermer d’elles-mêmes, car il n’y aura plus du tout assez d’enseignants pour assurer leur bon fonctionnement », expliquait vendredi la secrétaire générale du Snuipp-FSU (premier syndicat du primaire), Guislaine David.