Covid-19 : alerte rouge aux Antilles
Publié le - par LeBlob.fr, avec l’AFP
Taux d’incidence de la Covid-10 vertigineux, explosion des cas en Guadeloupe, confinement strict en Martinique : la situation sanitaire est de plus en plus alarmante aux Antilles où le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, débute mardi une « visite de crise ».
En Martinique, soumise à un confinement partiel depuis le 30 juillet, les autorités ont annoncé lundi des mesures strictes, et invité les touristes, notamment ceux qui sont « vulnérables », à quitter l’île. Sont fermés les commerces (sauf les commerces alimentaires et les pharmacies), les locations saisonnières et les hôtels (sauf pour l’accueil de professionnels et résidents), les lieux de culture et de loisir dont les plages. Les déplacements sont restreints à un kilomètre maximum autour du domicile, contre 10 km jusque-là.
Ces règles « strictes » seront « levées dès que la situation sanitaire le permettra », a indiqué le préfet, Stanislas Cazelles, lors d’une conférence de presse, en évoquant une « clause de revoyure dans 15 jours ». Car dans ce territoire peu vacciné (22 % de la population a reçu une première dose), où le variant Delta représente 40 % des contaminations, le taux d’incidence s’est envolé à 1162 cas pour 100 000 habitants, selon l’Agence régionale de Santé.
La Martinique est passée de 410 cas le 6 juillet à 4171 la première semaine d’août, et 35 décès. En quatre semaines, 350 personnes ont été hospitalisées. « Il faut comprendre que nous accueillons au moins 15 patients chaque jour : c’est l’équivalent d’une unité d’hospitalisation de médecine », rappelle Jérôme Viguier, le directeur général de l’ARS.
En Guadeloupe voisine, déjà soumise à un nouveau confinement, mais pour l’heure moins strict que celui de la Martinique, les chiffres explosent aussi : du 2 au 8 août, le taux d’incidence atteignait 1769 pour 100 000 habitants, contre 876 la semaine précédente, et le nombre de cas 6669, dont 2500 environ durant le seul dernier week-end. Sur cette même période, 14 personnes sont décédées, et le variant Delta représente 88 % des contaminations. Là-aussi, la couverture vaccinale est beaucoup plus faible qu’en métropole et moins de 20 % de la population y a reçu les deux injections.
« Je suis passé à 53 lits contre 48 il y a quelques jours », indique à l’AFP Gérard Cotellon, le directeur général du CHU de Pointe-à-Pitre, qui affirme devoir « pousser les murs » pour installer des nouveaux patients, dont l’immense majorité n’est pas vaccinée. Et « j’ai recruté massivement, mais cela ne suffit pas », se désole-t-il, en attendant un renfort de 120 soignants de métropole. Au total, 240 soignants répartis dans deux avions, un pour la Guadeloupe, un pour la Martinique, doivent s’envoler mardi de Paris pour une mission d’appui de 15 jours.
Face à l’afflux de patients, les deux îles ont procédé début août aux premières évacuations de patients vers des hôpitaux de l’Hexagone. Pour ne rien arranger, une tempête tropicale menace la Guadeloupe et la Martinique qui ont été placées en vigilance jaune mardi par Météo France. C’est donc une « visite de crise » qu’entame mardi soir en Guadeloupe Sébastien Lecornu, qui se rendra dès son arrivée au CHU de Pointe-à-Pitre.
Mercredi, après avoir assisté à distance à un Conseil de défense sanitaire par visioconférence, Sébastien Lecornu « visitera un centre de vaccination et rencontrera un comité d’élus », explique son entourage, précisant que « des annonces pourraient être faites dans la foulée ». Jeudi, le ministre arrivera en Martinique où il suivra un programme identique et sera rejoint par le ministre de la Santé Olivier Véran.
Sur l’île, les manifestations anti-pass sanitaire ont rassemblé beaucoup de monde. Lundi, des sapeurs-pompiers de la caserne de Sainte-Rose en Guadeloupe, affiliés au syndicat Force ouvrière, ont bloqué la route nationale 2 pour protester contre l’obligation vaccinale et dénoncer leurs conditions de travail. Ailleurs en Outremer, la situation sanitaire est aussi critique en Polynésie où le taux d’incidence dépasse désormais les 1000 cas pour 100 000 habitants et où les autorités ont annoncé lundi soir (mardi matin à Paris) le rétablissement d’un couvre-feu de 21heures à 4heures du matin, en plus des restrictions en place depuis fin juillet.
A La Réunion, également soumise à un confinement partiel depuis le 31 juillet, le taux d’incidence était à plus de 350 au 3 août.