Coronavirus : les experts de l’OMS enfin sur le terrain à Wuhan
Publié le - par Le blob.fr, avec l'AFP
Les experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont enfin entamé vendredi à Wuhan (centre de la Chine) leur enquête de terrain sur l’origine du coronavirus, qui doit les conduire sur des sites sensibles. Sortis jeudi de 14 jours de quarantaine, les membres de l’équipe ont discuté dans la matinée avec des scientifiques chinois avant de se rendre dans un hôpital de cette ville où la pandémie a démarré fin 2019.
« Première visite extrêmement importante », a tweeté Peter Daszak, un des membres de la délégation. « Nous sommes dans l’hôpital qui a traité certains des premiers cas connus de Covid-19. Nous rencontrons les médecins et le personnel qui ont travaillé là-dessus, avec une discussion franche sur les détails de leur travail. » L’OMS a confirmé jeudi que la dizaine d’enquêteurs irait bien au désormais célèbre Institut de virologie de Wuhan -- équipé de laboratoires P3 et P4 de haute sécurité -- qui manipulait notamment des coronavirus. Dès le début de la pandémie, l’établissement a fait l’objet d’hypothèses, reprises par l’administration de l’ex-président américain Donald Trump, selon lesquelles le virus aurait pu s’en échapper avant de contaminer la planète. Une théorie qui ne s’appuie pour l’instant sur rien de tangible.
Durant leur séjour, qui pourrait durer quelques semaines, les experts se rendront également au marché Huanan, premier foyer de l’épidémie où étaient notamment vendus des animaux sauvages vivants. Il est fermé depuis janvier 2020.
« Pas une enquête »
« L’équipe prévoit de visiter des hôpitaux, laboratoires et marchés », a par ailleurs souligné l’OMS sur Twitter. Les experts « s’entretiendront avec les premiers intervenants (contre la maladie) et certains des premiers malades du Covid-19 ». L’emploi du temps précis des experts reste toutefois opaque. Leurs tweets et ceux de l’OMS constituent les principales sources d’information, la Chine étant quasi-muette sur cette visite, ultra-sensible politiquement pour elle. Les autorités chinoises, accusées d’avoir tardé à réagir face aux premiers cas de Covid-19, cherchent depuis l’an passé à concentrer l’attention médiatique sur leur réussite dans l’endiguement de l’épidémie en Chine même.
Vendredi encore, Zhao Lijian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a refusé que la Chine soit davantage pointée du doigt et minimisé la portée de la mission des spécialistes étrangers. « Je veux souligner que cette coopération et ces échanges entre experts internationaux de l’OMS et experts chinois sont l’un des volets de la recherche mondiale sur l’origine du coronavirus. Ce n’est pas une enquête », a-t-il déclaré devant la presse.
Cette mission, qui devrait encore durer quelques semaines, se déroule par ailleurs dans un climat de tensions sino-américaines. Les États-Unis ont réclamé cette semaine une enquête « claire et poussée », soulignant qu’ils allaient évaluer sa « crédibilité » une fois terminée. La Chine a rejeté jeudi toute « ingérence politique » dans cette visite scientifique.
Appel de Tedros
Face aux risques réels ou supposés d’une obstruction chinoise, le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a indiqué jeudi soir dans un tweet avoir eu une « discussion franche » avec Ma Xiaowei, le ministre chinois de la Santé. « J’ai demandé à ce que les scientifiques internationaux obtiennent tout le soutien, l’accès et les données nécessaires, et qu’ils aient la chance de coopérer pleinement avec leurs homologues chinois », a-t-il souligné. L’OMS souligne depuis plusieurs semaines que l’enquête menée à Wuhan n’est pas destinée à trouver un pays ou une autorité « coupable », mais à « comprendre ce qui s’est passé pour éviter que cela ne se répète à l’avenir ». Un fort doute subsiste toutefois sur l’intérêt des éléments que les enquêteurs seront en mesure de réunir, plus d’un an après le début de la pandémie et face à des autorités chinoises connues pour leur opacité sur les sujets polémiques.
La Chine a fait état de 4 636 morts depuis le début de la pandémie. Seuls deux ont été enregistrés depuis mi-mai. Un chiffre en net contraste avec les plus de 2,1 millions recensés dans le monde.