Coronavirus : des mesures contraignantes à partir du stade 3
Publié le - par le blob avec l’AFP
Suspension de transports en commun, restriction des rassemblements, fermetures d’écoles : un passage au stade 3 de l’épidémie provoquée par le nouveau coronavirus entraînerait des mesures ayant un impact direct sur la vie quotidienne des Français. « Le stade 3, c’est le stade de l’épidémie, c’est le stade au cours duquel vous faites le constat que le virus circule et qu’il est transmissible sur l’ensemble du territoire », a expliqué le ministre de la Santé Olivier Véran, mardi sur BFMTV.
Il ne s’agit alors plus de freiner la propagation du virus comme au stade 2, où la France se trouve depuis samedi, mais d’en atténuer les effets. Cela passe d’une part par des restrictions sur les rassemblements et les déplacements, et d’autre part par une réorganisation complète du système de soins. Pour se préparer à cette éventualité, les autorités s’appuient sur un Plan de prévention et de lutte rédigé en 2011 en cas de pandémie grippale. « Il peut servir de base de réflexion », précise-t-on au ministère de la santé, même s’il y a des différences entre la grippe et le Covid-19 (à commencer par l’absence de vaccin pour le deuxième).
Ce plan prévoit entre autres une « suspension éventuelle de certains transports en commun, des fermetures des crèches et établissements d’enseignement » (à l’échelle territoriale, voire nationale) et la « restriction des grands rassemblements et des activités collectives ».« Il ne s’agit pas d’arrêter le pays, a toutefois assuré lundi la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne. Différents scénarios sont envisagés » dans l’hypothèse d’un passage au stade 3, mais « il n’est pas question d’arrêter de faire rouler les trains ».
« Ces mesures pourraient être prises au fur et à mesure, en fonction de la situation, avec une hétérogénéité sur le territoire », commente-t-on au ministère de la santé. Les endroits de France les plus touchés, l’Oise et le Morbihan, sont d’ailleurs déjà concernés par l’annulation des rassemblements ou par des fermetures d’écoles. A contrario, au stade 3, certaines de ces restrictions pourraient être allégées s’il s’avère que le virus circule vraiment partout, ce qui les rendrait alors inutiles.
Toujours en ce qui concerne la vie quotidienne, le plan de 2011 prévoit des actions pour éviter des pénuries : « surveillance des prix et de la disponibilité des produits » et maintien d’un « approvisionnement alimentaire et produits de première nécessité ». Par ailleurs, le stade 3 entraînerait « la mobilisation complète du système sanitaire hospitalier et de ville » (médecins généralistes, infirmières etc.), lit-on sur le site gouvernement.fr.
Dans cette configuration, les gens infectés par le coronavirus n’iraient plus systématiquement à l’hôpital : les patients sans gravité (80 % des cas selon les études internationales) resteraient chez eux. « Ce dispositif de maintien à domicile visera à ne pas saturer les capacités d’hospitalisation des établissements de santé et permettra de réserver les ressources des établissements de santé aux cas les plus graves », selon un guide méthodologique ministériel sur le Covid-19 destiné aux professionnels de santé. Enfin, les tests de diagnostic du Covid-19 ne seraient plus forcément appliqués à tout cas suspect, et des structures d’accueil spécifiques pour les SDF seraient mises en place.
Le gouvernement a saisi lundi le comité national d’éthique pour lui demander son avis sur les « mesures contraignantes qui pourraient être adoptées » pour lutter contre la nouvelle maladie, a indiqué cet organisme. Le journal La Croix, qui a révélé cette saisine, y voit « un signe supplémentaire que le gouvernement envisage activement le passage à la troisième phase de l’épidémie ». Quant à savoir quand cela interviendra, « il est trop tôt pour le dire, le président de la République prendra sa décision sur la base d’éléments scientifiques », fait valoir l’Élysée.