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Le brise-glace Polarstern, de l’institut Alfred-Wegener de Bremerhaven, a quitté le port norvégien de Tromsø le 20 septembre 2019 dans le cadre de la mission Mosaic © NTB Scanpix/AFP Rune Stoltz Bertinussen

La plus grande expédition scientifique réalisée dans l’Arctique a débuté vendredi. Il s’agit d’une mission internationale d’un an pour étudier les conséquences du changement climatique, particulièrement tangible au pôle Nord, a annoncé l’institut allemand qui dirige cette initiative, l’institut Alfred-Wegener de Bremerhaven (AWI), basé dans le nord-ouest de l’Allemagne. Le brise-glace Polarstern de l’AWI a quitté le port norvégien de Tromsø vendredi 20 septembre dans le cadre de cette mission baptisée Mosaic. 

Il s’agit « d’un événement majeur (…), un rêve qui devient réalité », a déclaré le chef de cette mission exceptionnelle, Markus Rex, lors d’une conférence de presse à Tromsø, quelques heures avant le départ du Polarstern. 

Au total, quelque 600 experts et scientifiques prévoient de se relayer pendant 390 jours, le brise-glace devant parcourir au total 2 500 kilomètres. Les équipes affronteront notamment 150 jours de nuit polaire et des températures pouvant chuter jusqu’à -45 °C. Au moins six personnes seront employées uniquement à repérer et éloigner les ours polaires et ainsi assurer la sécurité des scientifiques dans leurs travaux.

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Markus Rex, chef de la mission Mosaic, Pauline Snoeijs-Leijonmalm, de l’université de Stockholm et le capitaine Stefan Schwarze, lors de la conférence de presse à Tromsø, en Norvège, le 20 septembre 2019 © NTB Scanpix/AFP Rune Stoltz Bertinussen

« Bientôt nous allons dire au revoir au Soleil (...). Nous allons travailler dans l’obscurité la plus totale, nous serons isolés, à un millier de kilomètres des autres êtres humains », a précisé le scientifique. 

Les experts étudieront à la fois l’atmosphère, l’océan, la mer de glaces et l’écosystème pour recueillir des données qui permettront de voir comment le changement climatique affecte la région et le monde entier.

« Aucune autre partie de la Terre ne s’est réchauffée aussi vite ces dernières décennies que l’Arctique, a également indiqué Markus Rex. C’est ici que se situe quasiment l’épicentre du réchauffement global, et en même temps jusqu’ici nous comprenons très peu cette région. Nous ne pourrons pas établir de prévisions correctes concernant notre climat si nous n’avons pas de pronostics fiables pour l’Arctique, poursuit-il. En début d’année, nous avons eu un cas extrême : dans le centre de l’Arctique, il a fait plus chaud qu’en Allemagne ».

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« Pour nous, les scientifiques, il est important de faire en sorte que les prochaines générations voient toujours la mer de glace sur laquelle nous allons mener ces recherches », a expliqué Markus Rex, le chef de l’expédition © AFP/Archives Martin Bureau

Le Polarstern sera accompagné de quatre brises-glace de Russie, de Chine et de Suède, ainsi que d’avions et d’hélicoptères afin de le ravitailler et de permettre aux équipes une rotation. Autour du bateau, plusieurs stations d’observation seront installées, la plus éloignée se trouvant à quelque 50 kilomètres.

Pour mener sa mission à bien, le bateau va se laisser prendre dans les glaces puis dériver avec elles selon la dérive polaire, ce courant océanique qui s’écoule d’est en ouest dans l’océan Arctique. La glace dérive en moyenne de sept kilomètres par jour et devrait entraîner le Polarstern jusqu’à un millier de kilomètres de la terre ferme.

Soixante instituts et dix-neuf pays coopèrent pour ce projet qui dispose d’un budget de 140 millions d’euros et doit permettre de récolter pour la première fois des données exhaustives sur le climat au pôle Nord.