Chirurgie cardiaque : le « paradoxe de l’obésité » en partie réfuté
Publié le - par le blob avec l'AFP
Les patients qui ont une masse grasse très élevée ont quatre fois plus de risques de décéder après un pontage coronarien, montre un chercheur français lundi, des résultats qui contredisent l’idée que l’obésité offre un effet « protecteur » dans certaines chirurgies cardiaques. Certaines études semblent montrer que les patients en surpoids, voire obèses, atteints d’un syndrome coronarien aigu (étape avant la crise cardiaque) bénéficient d’un meilleur pronostic que les autres après une opération cardiaque, un phénomène contesté qualifié de « paradoxe de l’obésité », rappelle Xavier Leroy, anesthésiste-réanimateur au CHU de Lille.
Mais ces résultats, qui ne prennent en compte que l’indice de masse corporelle (IMC), ne se vérifient pas si on analyse le niveau de masse grasse et de masse maigre des patients, soulignent le médecin et son équipe dans une étude présentée au congrès Euroanaesthesia à Vienne. L’IMC est calculé par le poids divisé par la taille au carré, un indice supérieur à 25 définissant le surpoids et au-dessus de 30, l’obésité. Il ne donne qu’une idée imparfaite du statut pondéral d’une personne et de ses effets pour la santé. Il doit être complété par d’autres indicateurs tels que le périmètre abdominal. On peut aussi étudier la composition du corps, constitué de masse grasse (graisse située sous la peau et autour des organes) et de masse maigre (muscles, os, organes, etc.). Ces indicateurs peuvent être déterminés par une formule mathématique ou par certaines balances, qui envoient un courant électrique de très faible intensité dans le corps.
En analysant les dossiers de plus de 3 000 patients opérés d’un pontage coronarien, le Dr Leroy montre que les 25 % de malades présentant la masse grasse la plus élevée ont été 4,1 fois plus nombreux à décéder dans les 30 jours suivant l’opération que les 25 % avec la masse grasse la plus faible. De même, les 25 % avec la masse maigre la plus basse avaient 2,8 fois plus de risque de décès que le quart de patients avec la masse maigre la plus haute. Aucune association n’a en revanche pu être établie entre l’IMC et la mortalité à 30 jours des patients, ajoute le chercheur.
Le syndrome coronarien aigu, lié à l’obstruction d’une ou plusieurs artères coronaires (qui irriguent le muscle cardiaque), se manifeste généralement par une douleur thoracique intense et durable, localisée derrière le sternum. L’interruption de l’apport de sang à une région du cœur peut alors se traduire par une crise cardiaque ou infarctus du myocarde. L’un des traitements fréquents est le pontage coronarien, une opération très invasive, sous anesthésie générale, qui consiste à contourner l’artère obstruée en implantant un autre vaisseau en aval.