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Installations de chercheurs d'or brésiliens le long du Rio Santiago au Pérou

Outre les conséquences directes sur la déforestation de l’Amazonie, l’orpaillage contamine au mercure rivières, poissons et êtres humains. Mais une extraction propre existe, assure César Ascorra, biologiste péruvien et directeur du centre d’innovation scientifique de l’Amazonie, qui appelle à l’émergence d’un marché de l’« or propre ».

Quel est l’impact du mercure ?

« Le mercure est un métal lourd qui affecte le système nerveux, le cœur, le foie, les poumons, les reins des êtres vivants. Il pénètre dans la chaîne alimentaire, dans les tissus des poissons et dans nos tissus. Il pénètre dans le placenta, passe les barrières encéphaliques, atteint le cerveau, le système nerveux, il peut endommager les chromosomes, se transmettre aux générations suivantes et provoquer la maladie connue sous le nom de Minamata (intoxication au mercure). Le mercure se dissimule derrière près de 160 symptômes : vous pouvez avoir des maux de tête (...), perdre le sommeil, être irritable, souffrir d’allergies, de prédispositions au cancer, de maladies du pancréas, d’anémie. Autres conséquences neurologiques, les faibles résultats scolaires, la faible capacité d’attention, de compréhension ».

Un orpaillage sans mercure est-il possible ?

« Il est possible de faire de l’orpaillage alluvial, sans utiliser du mercure. Car à la différence de l’extraction dans les filons, comme dans les Andes, où l’or est mélangé à d’autres minerais et doit être purifié, l’or alluvial est pur, c’est de l’or en poudre, en paillettes. La gravité peut ainsi séparer l’or des sédiments sans avoir besoin de mercure. Grâce à cette méthode, l’orpailleur utilise une sorte de tapis qui sépare l’or et les sédiments par vibration. Il obtient de l’or en poudre, sans utiliser de mercure. Comme on n’achète pas d’or en poudre, il fait fondre l'or à haute température et le vend ainsi, sans avoir recours au mercure. Ce n’est pas de la haute technologie, il s’agit juste d’apprendre de nouvelles techniques qui sont accessibles. Si on sensibilisait les citoyens ordinaires et les décideurs pour qu’ils prennent des mesures, les orpailleurs n’utiliseraient pas du mercure, ils ne l’utiliseraient que dans la phase finale, en très petites quantités dans un environnement clos, et avec une récupération à 100 % ».

Qu’est-ce qu’un marché de l’ « or propre » ?

« Le marché veut de l’or, quelle qu’en soit la provenance, alors qu’on devrait pouvoir affirmer : “Je veux de l’or propre", dont le processus n’a pas nécessité de mercure. Si le marché était sélectif, nous orienterions également l’offre. Le marché devrait changer non seulement ici en Amazonie, où nous détruisons les forêts pour l’exploitation minière avec l’utilisation de mercure, mais aussi sur le marché qui génère cette demande ».

Un autre orpaillage est-il possible ?

« Oui, avec une responsabilité sociale et environnementale, et cela doit être soutenu par les gouvernements, par les citoyens, par la prise de décision et aussi par le marché, qui doit être sélectif et conditionner la demande ».