Cancer du sein: des études ont ouvert la voie à des traitements raccourcis
Publié le - par Le Blob.fr, avec l'AFP
Un traitement de radiothérapie réduit à 5 jours au lieu de plusieurs semaines généralement : de récentes études ont ouvert la voie à une nette amélioration de la prise en charge du cancer du sein pour certaines femmes. Dans son malheur, Danielle (prénom modifié) estime avoir eu « beaucoup de chance ».
En juin dernier, dans le cadre d'une visite de dépistage de prévention, on lui détecte « une petite tumeur au sein, de 7 mm », qui se révèle cancéreuse après une biopsie. A partir de là, les rendez-vous s'enchaînent très vite : on l'opère en juillet à l'institut Gustave Roussy, en banlieue parisienne. Elle revoit la chirurgienne en août et la radiologue début septembre. Le soir même de ce rendez-vous débute sa radiothérapie. On lui précise alors qu'elle n'aura plus ensuite que quatre séances, étalées sur la semaine. « Je pensais que le traitement durerait au moins un mois, quand on m'a annoncé ça, j'étais super contente ! », raconte Danielle. « Une semaine de traitement, vous en voyez facilement le bout, ça vous enlève la fatigue des allers-retours et surtout, je n'ai pas eu le temps de me sentir vraiment malade ». Elle a en fait bénéficié d'un nouveau parcours « compact »de radiothérapie, qui consiste à diminuer le nombre de séances après une opération, tout en conservant la même efficacité.
Pour le moment, ce nouveau parcours de soin ne s'adresse pas à toutes les femmes. Ainsi, à Gustave Roussy, il est proposé uniquement aux patientes de plus de 60 ans atteintes d'un cancer localisé sans atteinte ganglionnaire, ce qui représente plus de 50% de la totalité des cancers du sein en France. Cette nouvelle prise en charge a débuté en février dans l'hôpital francilien après la parution de deux études anglaises, en 2020, qui ont démontré l'équivalence, mesurée en terme de rechute, de la réduction du nombre de séances de radiothérapie post-opératoires par rapport à un schéma standard.
« Gain psychologique »
Une étude publiée dans le Journal of clinical oncology a ainsi confronté sur dix ans le résultat d'un traitement de radiothérapie administré selon des modalités différentes à des femmes ayant un cancer de bon pronostic. Des doses réparties en 25 séances sur 5 semaines pour certaines, et une séance par semaine sur cinq semaines pour d'autres.
Conclusion : aucune différence en terme d'efficacité ni d'effets secondaires.
Une seconde étude, publiée dans The Lancet Oncology, a ensuite comparé ce qui était devenu le standard entre temps, une radiothérapie en 15 séances sur 3 semaines, avec un nouveau schéma ne comportant plus que 5 séances sur 5 jours. Pas de différence non plus.
Sur la base de ces études, en pleine épidémie de Covid-19, des experts de radiologie européens se sont réunis pour promouvoir cette prise en charge accélérée. « En période de Covid, cela semblait particulièrement pertinent de faire venir les femmes à l'hôpital le moins longtemps possible », explique la Dr Sofia Rivera, cheffe du service de radiothérapie à Gustave Roussy. « On fait gagner du temps aux patientes, pour elles c'est un gain à la fois physique et psychologique », se félicite-t-elle. « Si vous avez un traitement moins long mais tout aussi efficace et pas plus toxique, c'est forcément mieux », abonde Thomas Bachelot, le président du « groupe sein » d'Unicancer, réseau regroupant 18 centres de lutte contre le cancer. Un bémol : la radiothérapie reste pour le moment rémunérée à l'acte.
« Ça pousse à proposer beaucoup de séances, en particulier dans le privé », constate Thomas Bachelot. Il est ainsi aujourd'hui plus rentable pour un hôpital d'administrer à une femme 25 séances plutôt que cinq. « On bataille maintenant pour tenter d'obtenir une tarification au forfait », prévient Sofia Rivera.