C'est la saison des pollens, les laboratoires s'activent face aux allergies
Publié le - par LeBlob.fr, avec l'AFP
C'est la saison des pollens de graminées, redoutée par bon nombre de personnes allergiques. En France, deux laboratoires concoctent toute l'année des remèdes à base de divers allergènes, pour désensibiliser les patients les plus affectés.
Installé en France depuis 2006, le laboratoire danois ALK produit des extraits allergéniques à partir de différents pollens (tilleul, peuplier, bouleau, ambroisie) qu'il cultive ou qu'il récolte.
Sa filiale américaine, près de Seattle (Etat de Washington, ouest des Etats-Unis) le fournit en pollens et en phanères (poils, griffes etc.) de chiens et de chats. Sur le site de Varennes-en-Argonnes (Meuse) sont « cultivés » les acariens. C'est aussi là que sont gérées les commandes personnalisées : composition, concentration, dosage, en fonction des prescriptions des allergologues.
Les extraits « sont testés en pureté, métaux lourds, pesticides et contamination microbienne », une vérification qui s'impose du fait de l'origine naturelle des matières premières, indique Virginie Leduc, responsable de la recherche et du développement sur l'autre site de production d'ALK, à Vandeuil (Marne), près de Reims.
Ces extraits sont transformés en traitements, toujours sur ce site, sous forme de gouttes ou de comprimés que le patient garde sous la langue.
La prise initiale est faiblement dosée avant d'être progressivement augmentée pour faire comprendre au système immunitaire qu'il doit développer peu à peu une tolérance aux allergènes responsables des symptômes, comme la rhinite et l'asthme allergiques, qui altèrent la qualité de vie. Il s'agit donc de rééduquer le système immunitaire, et non simplement d'agir sur les symptômes.
Les flacons sont conditionnés, étiquetés nominativement et délivrés sur rendez-vous chez le patient par un transporteur.
Moisissures et venins d'insectes
Même procédé chez le laboratoire pharmaceutique Stallergenes Greer, un des champions mondiaux dans les traitements de désensibilisation, implanté en France depuis 1962. Sur le site d'Amilly (Loiret), le groupe récolte le pollen. La fabrication des traitements a lieu sur le site d'Antony (sud de Paris).
Les deux groupes continuent d'enrichir leur portefeuille, avec une trentaine d'allergènes référencés par ces laboratoires : outre les pollens ou les poils d'animaux, figurent des moisissures ou des venins d'insectes (guêpes et abeilles) qui peuvent mettre en danger la vie de personnes hautement allergiques.
ALK a lancé en 2022 un programme dans l'allergie alimentaire provoquée par l'arachide (très répandue) et s'intéresse à des allergies alimentaires sur des produits atypiques, comme par exemple la méduse, consommée parfois en Asie.
En ce moment, le niveau de risque d'allergie aux pollens de graminées est élevé dans tout l'Hexagone sauf autour de la Méditerranée, selon le réseau national de surveillance aérobiologique. Un petit tiers des 20 millions de personnes souffrant d'allergies en France - formes bénignes ou plus graves - le sont aux pollens, selon le président de la Fédération française d'allergologie, Frédéric de Blay.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) prévoit que la moitié de la population mondiale souffrira d'allergies à l’horizon 2050, notamment à cause du réchauffement climatique et de la pollution. « La saison des allergies respiratoires est de plus en plus précoce et termine de plus en plus tard » à cause de ces deux facteurs, observe Christophe Weber, directeur des ventes d'ALK France, qui produit chaque année 2,5 millions de flacons d'immunothérapie allergénique par an pour le marché français.
Des traitements qui peuvent dépasser 1 000 euros par an et qui sont remboursés pour l'heure à 30% par la Sécu.