Après trois ans de Covid-19, se préparer à la prochaine pandémie
Publié le - par Le Blob avec l’AFP
Voici trois ans, le premier cas de Covid-19 était identifié en Chine, point de départ d’une pandémie aux conséquences sans précédent. Comment éviter que l’histoire ne se répète ? La question mobilise chercheurs et États, mais les financements sont insuffisants et les réponses incertaines. « Nous n’agissons pas assez pour être prêts pour la prochaine pandémie », estime auprès William Rodriguez, à la tête de Find, une fondation sous l’égide de l’ONU qui cherche à améliorer l’accès aux tests de dépistage dans le monde.
Parmi les outils cruciaux pour éviter l’émergence d’une nouvelle pandémie comme celle du Covid, figurent les tests, qui aident à freiner la diffusion d’une maladie. Autres dispositifs : l’identification des virus ou bactéries qui pourraient provoquer la prochaine pandémie, la découverte de vaccins ou de traitements en urgence, la production et la distribution de ces produits, etc. L’objectif ? Éviter une nouvelle pandémie après trois ans de Covid. Le premier cas de cette maladie a été diagnostiqué en Chine en décembre 2019. Moins de trois mois plus tard, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) officialisait la pandémie qui a bouleversé le monde.
La semaine dernière, c’est dans le cadre de l’OMS qu’ont commencé des négociations internationales sur la lutte contre les futures pandémies. La Banque mondiale, elle, a lancé un fonds dédié au sujet et alimenté par les pays du G20 (pour l’heure à hauteur de 1,6 milliard de dollars).
« Quelques mutations »
Les initiatives sont aussi privées. En Australie, l’homme d’affaires Geoffrey Cumming a consacré 170 millions de dollars pour financer un centre de recherches dirigé par l’infectiologue Sharon Lewin. Son équipe va se pencher sur des technologies susceptibles de servir de base à des traitements rapidement adaptables contre de nouveaux pathogènes. Modèle à suivre : les vaccins à ARN messager face au Covid. Le centre sera « opérationnel » d’ici à six mois, a annoncé la Pr Lewin à l’AFP.
L’objectif, ici, est de savoir répondre en urgence à un pathogène inconnu. Mais l’anticipation passe aussi par l’identification des risques connus. L’OMS travaille ainsi à la mise à jour d’une liste de microbes à risque. A surveiller particulièrement : les autres coronavirus ainsi que le virus de la grippe, bien sûr, mais aussi Ebola et Zika. « Pour chacun de ces virus, seules quelques mutations » pourraient démultiplier leur diffusion, prévient l’épidémiologiste Jennifer Nuzzo, de l’université américaine Brown.
D’autres pathogènes sont sous surveillance comme les arenavirus, les paramysovirus – famille de la rougeole et des oreillons – ou le virus Marburg.
« Nombreuses crises »
Ces efforts de recherches seront-ils suffisants ? De nombreux experts et activistes redoutent surtout un manque de volonté politique. Qui se traduit par la question des financements. Ainsi, l’organisation CEPI (cofondée par plusieurs États et la fondation Bill et Melinda Gates pour affronter les épidémies) cherche 800 millions de dollars pour boucler un plan sur cinq ans.
Les décideurs ne devraient pas oublier la question pandémique même s’ils sont « concentrés sur les nombreuses crises actuelles », dans un contexte difficile géopolitiquement comme économiquement, estime auprès de l’AFP Richard Hatchett, à la tête de CEPI. Et comment garantir l’accès de tous les pays, y compris les plus pauvres, à un vaccin ou un traitement ? « Pour moi, la tragédie du Covid aura été la distribution inégale des vaccins, même une fois disponibles », déclare l’épidémiologiste. Les experts sont d’accord. Il sera impossible de bien répondre à la prochaine pandémie si de grandes régions comme l’Afrique, l’Amérique du Sud, l’Asie du Sud ou le Proche-Orient n’ont pas accès à des traitements, notamment en les produisant elles-mêmes.
Pour beaucoup d’activistes, il faudrait déjà prévoir de lever les brevets d’éventuels traitements à l’importance majeure. Mais l’idée apparaît peu réaliste face à l’opposition du secteur pharmaceutique et d’une grande partie des pays développés. Et il y a peu d’évolution à attendre : le ton adopté par ces pays dans le cadre des discussions actuelles à l’OMS est « extrêmement inquiétant », estime Mohga Kamal-Yanni, représentante de l’ONG People’s Vaccine Alliance.