L’AML, un système de géolocalisation d’urgence encore mal exploité
Publié le - par le blob, avec l’AFP
Le décès du randonneur français Simon Gautier en Italie, retrouvé mort après une chute et alors qu’il avait réussi à joindre les secours, pose la question de la géolocalisation d’urgence, alors qu’un système existe depuis plusieurs années et est utilisé dans une dizaine de pays européens.
Qu’est-ce que l’AML ?
L’AML (pour Advanced Mobile Localisation ou localisation mobile avancée) a été lancé en 2014 au Royaume-Uni. Co-développé par les quatre opérateurs télécoms britanniques et les constructeurs de smartphones taïwanais HTC et japonais Sony, ce système vise à donner directement la localisation de l’appelant lorsque ce dernier compose un numéro d’urgence sur son smartphone. Concrètement, le système, implanté sur les appareils, envoie automatique un SMS aux services de secours avec le positionnement précis de l’appareil. Le système s’est peu à peu répandu et est désormais disponible dans une quinzaine de pays, dont une dizaine de pays de l’Union européenne, ainsi que sur la plupart des appareils sous le système d’exploitation Android, de même que sur les iPhones. Google a par ailleurs développé un système équivalent, disponible sur l’ensemble des appareils équipés d’Android, le service de localisation d’urgence (ELS, pour Emergency Location Service), qui fonctionne exactement de la même manière que l’AML.
Comment fonctionne la géolocalisation ?
La géolocalisation est aujourd’hui largement mobilisée par les smartphones : de très nombreuses applications y recourent, que ce soit pour la commande d’un taxi ou d’un VTC, la proposition d’itinéraires, les rencontres amoureuses ou même les jeux. La géolocalisation se fonde alors, en règle générale, sur le GPS (système de positionnement par satellite) et la triangulation via le réseau mobile. Le GPS demande une certaine qualité de réseau, 3G ou 4G, qui permette d’envoyer ou recevoir des paquets de données plus importants. À défaut, c’est la triangulation (l’établissement d’une position par rapport à trois antennes relais) qui intervient, mais avec une précision moindre. Lors d’un appel d’urgence, l’AML recourt automatiquement aux meilleures données de localisation disponibles – système GPS, connexion Wifi… – pour les envoyer aux services de secours. En Autriche, pays où ces données sont disponibles, plus de 92 % des messages AML envoyés fournissent une position avec une précision de 100 mètres, 85 % allant même jusqu’à une précision de 50 mètres, selon un rapport publié en juin par l’Association européenne des numéros d’urgence (EENA). En Finlande, ces taux de précision montent respectivement à 88 % et 78 % des messages, selon la même source. La seule technique de triangulation dépend cependant grandement de la densité du réseau mobile : dans les villes, où le réseau est très dense, le positionnement peut se faire à quelques dizaines de mètres près, mais dans les zones peu couvertes, cela peut correspondre à des rayons de plusieurs centaines de mètres, voire quelques kilomètres.
Pourquoi certains pays n’utilisent-ils pas l’AML ?
L’AML exige une adaptation des équipements des services de secours, afin que ces derniers puissent recevoir les données de géolocalisation – ce qui n’est pas encore le cas en France ou en Italie. L’une des raisons est le fait que les secours y sont gérés de manière décentralisée, au niveau des départements en France et des régions en Italie, avec des systèmes informatiques qui ne sont pas nécessairement construits sur une plateforme commune – un obstacle pour y rendre le système AML opérationnel à l’échelle du pays.