44,3 °C ! Le record absolu de chaleur en France a été battu à Carpentras
Publié le - par le blob avec l'AFP
44,3 °C à 13 h 48 : le record absolu de chaleur a été enregistré à Carpentras, dans le Vaucluse, au 5e jour d’une canicule exceptionnelle, un phénomène appelé à se répéter avec le réchauffement climatique. « C’est historique », a commenté le prévisionniste de Météo-France Étienne Kapikian, notant qu’il pourrait être à nouveau battu d’ici la fin de la journée.
Le précédent record datait du 12 août 2003, avec 44,1 °C à Saint-Christol-lès-Alès et Conqueyrac, dans le Gard, enregistré au cœur de la vague de chaleur qui avait fait 15 000 morts en France. À Carpentras, la température dépassait déjà largement les 40 °C dès le milieu de journée et une fois les étals du marché démontés, il ne restait plus que quelques personnes dans les rues. Sur la place Maurice Charretier, les terrasses ont été désertées. « On n’a jamais vu ça ! », s’exclame une restauratrice en contemplant les chaises vides.
À quelques mètres de là, de nombreux curieux s’arrêtent sous le panneau lumineux de la pharmacie qui affiche la température. À 42 °C, un agent de police reste sceptique : « C’est pas fini, ça va encore monter ». Quelques dizaines de minutes plus tard, il avait raison. Conséquence de cette vague de chaleur exceptionnelle qui a poussé Météo-France à placer Hérault, Gard, Vaucluse et Bouches-du-Rhône en vigilance rouge, et 76 autres départements en vigilance orange, plusieurs villes du Gard et de l’Hérault voyaient des pointes de 40 à 43 °C en début d’après-midi.
« Épuisant »
Sur l’autoroute entre Montpellier et Nîmes, une épaisse brume de pollution orangée court de la mer aux Cévennes. Sur une aire de cette autoroute bien chargée à la mi-journée, des parties de goudron commencent à fondre. « C’est de la folie, ce temps », commente Jaime Gimenez, chauffeur routier. « Je ne peux pas me reposer dans mon camion sans la clim' », souligne-t-il : « Ça rend le métier encore plus épuisant ». C’est à Nîmes que la ministre de la Santé Agnès Buzyn a fait sa première visite de la journée, au CHU, où le centre d’appels répondait à de nombreuses personnes inquiètes de « douleurs dans la poitrine » et de « problèmes respiratoires » de parents âgés. « Tout le monde est à risque en période de canicule », a martelé Agnès Buzyn, appelant à éviter « tout effort inutile » avant de se rendre dans l’Hérault dans l’après-midi.
Plus au nord aussi, à Dijon, le record de température pour un mois de juin a été battu jeudi avec 37,3 °C. « Il fait plus de 30 °C dans les chambres la nuit », raconte à l’AFP Camille, 17 ans, interne dans un lycée : « Ils nous donnent des bouteilles d’eau fraîche, on utilise des serviettes humides », ajoute-t-elle, prenant le frais près d’une grande fontaine du centre-ville. « La nuit qui suivra sera encore torride près de la Méditerranée », prévient Étienne Kapikian. Samedi, les 40 °C pourraient encore être dépassés dans la région centre. Dimanche il y aura « de façon générale sur l’ensemble du pays un net tassement des températures », à l’exception de la basse vallée du Rhône (encore 38 °C à Nîmes).
Au Nord, après un pic de 37 °C à Paris samedi, une baisse à 29 °C est attendue dimanche. Le Premier ministre s’est de son côté alarmé vendredi matin d’une augmentation sensible des noyades depuis le début de la semaine, « une par jour ». Le chef du gouvernement, qui s’exprimait lors d’une visite au centre opérationnel des urgences sanitaires au ministère de la Santé, a aussi appelé à la « responsabilité » des automobilistes en ce début de week-end, rappelant que la circulation n’était pas « totalement sans risque ». La ministre des Transports Élisabeth Borne a de son côté poussé ceux qui le peuvent à « décaler leurs déplacements ».
Pollution à l’ozone
Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner se rendra quant à lui vendredi après-midi dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. Dans ces départements, comme dans l’Hérault et le Gard, les préfectures et les rectorats ont conseillé aux parents de garder leurs enfants à la maison. Vendredi, 4 000 écoles étaient fermées ou prévoyaient un accueil adapté sur l’ensemble du territoire selon Matignon. Les sorties scolaires et les événements festifs étaient également annulés ou reportés.
Sur une large partie du pays, cette canicule s’accompagne d’une pollution à l’ozone souvent persistante, irritante pour les poumons. La circulation différenciée est ainsi maintenue vendredi dans la capitale, à Lyon et à Marseille. Avec le réchauffement climatique, les scientifiques anticipent des vagues de chaleur deux à trois fois plus nombreuses d’ici au milieu du siècle.