En plein cœur du golfe de Pouzzoles, à deux pas de Naples, se trouve un volcan qui pourrait bien menacer l’Europe. Les champs Phlégréens (ou "champs brûlants") n’ont rien d’un volcan ordinaire, puisque si son sommet gît hors de l’eau, la majeure partie est recouverte par la mer Tyrrhénienne. Ce supervolcan se réveille doucement : le 14 avril dernier, un essaim d’environ 70 tremblements de terre a frappé la région. Heureusement, la magnitude maximale atteinte n’était que de 3,7 sur l'échele de Richter et aucun dégât n’a été occasionné. Seulement, depuis l’été 2023, l’activité sismique des champs Phlégréens s’accentue. Au mois de septembre, un tremblement de magnitude 4,2 a retenti. C’est le plus puissant séisme dans la région depuis quarante ans.
- « Les champs Phlégréens, c'est le volcan qui inquiète le plus les Italiens. C'est le volcan en Europe qui est le plus inquiétant : c'est un énorme volcan qui a fait de très très grosses éruptions. Les éruptions, donc pas historiques, mais préhistoriques du volcan, ce sont des éruptions de plusieurs centaines de kilomètres cubes de matière. Donc ça fait des très très grosses éruptions, et on sait que ce volcan-là est capable de faire de très importantes éruptions, beaucoup plus que l'éruption du Vésuve qui a détruit Pompéi. Et l'activité des champs Phlégréens étant telle, est beaucoup plus élevée que ce qu'on observe sur le Vésuve actuellement, c'est effectivement un volcan plus inquiétant, et qui, s'il entre en éruption, posera plus de problèmes que le Vésuve. »
La caldera d’un volcan correspond à l’effondrement de son sommet dû à des éruptions intenses et rapides. Celle des champs Phlégréens mesure plus d’une dizaine de kilomètres de diamètre et au total, plus de deux millions de personnes vivent à l’intérieur du volcan ou à proximité.
- « Il faut savoir que les champs Phlégréens, c'est un des seuls volcans aussi où on a toute une ville qui est installée à l'intérieur du volcan. Donc les champs Phlégréens, c'est une grande caldera d'effondrement avec des cônes à l'intérieur. Et en fait, toute la ville, la population, habite dans le cratère. La dernière éruption était au 16e siècle. En fait, c'est ça qui définit les probabilités pour qu'une éruption puisse aboutir dans un certain temps : on regarde l'histoire du volcan. Chaque volcan a son propre rythme et sa propre période, et donc là on est plutôt sur un volcan qui a fait sa dernière éruption il y a plus de 500 ans. »
Prédire l’éruption des champs Phlégréens n’est pas une mince affaire. Pour cela, des sismomètres mesurent les vibrations du sol. Ils permettent de compter les séismes mais aussi de les caractériser et d'identifier leur origine. Sur un simple volcan qui dispose d’un réservoir, lorsqu’on observe de la sismicité, c’est du magma qui remonte par ce réservoir et qui aboutit à une éruption. Mais dans le cas de ce supervolcan, comprendre d’où provient cette sismicité est plus complexe.
- « Sur les champs Phlégréens, ça fait 40 ans qu'on observe ces mouvements qu'on appelle les bradyséismes, c'est un terme grec qui était déjà observé il y a très longtemps, à l'Antiquité. Et donc ces phénomènes-là n'aboutissent pas forcément à une éruption. Donc en fait, on ne sait pas. Mais on sait que ça s'est déjà produit par le passé et ça n'a pas abouti à des éruptions. Donc quelque part, on a quand même une certitude que ce n'est pas un modèle simple de remontée de magma et que c'est peut-être simplement une dynamique du volcan, des mouvements de fluides, mais pas forcément une remontée simple de magma qui aboutit à une éruption. »
Pour le moment, la probabilité d’une éruption volcanique est faible et, d'après les simologues, rien n’indique que le magma soit en train de remonter. Mais les champs Phlégréens entreront tôt ou tard en éruption de nouveau. C'est pourquoi le gouvernement italien prépare des plans d’évacuation pour des dizaines de milliers de personnes.