En 20 ans, le cours de l’or a grimpé en flèche et de nombreuses régions connaissent une explosion de l’orpaillage, légal comme illégal. Internet révèle aussi l’engouement grandissant des « chercheurs d’or », ces particuliers prêts à investir dans des équipements en tous genres, pour dénicher pépites, filons et autres paillettes… « Il y a l’intérêt pécuniaire évidemment, vu le cours de l’or qui flambe de jour en jour, mais il y a surtout l’intérêt de la découverte. Car trouver de l’or, ça reste magique. » Même si l’époque des grandes ruées vers l’or semble loin derrière, l’attractivité du précieux métal jaune ne se dément pas. « Durant la crise sanitaire, l’or a été considéré comme un valeur refuge, il y a beaucoup d’investisseurs qui ont investi dans cette valeur. » La demande en or dans le Monde est actuellement d’environ 4 000 tonnes par an. Si la Chine reste le 1er producteur mondial, le métal doré est présent à peu près partout… « L’or est très rare mais fréquent. Son abondance dans la terre, c’est 1Mg/t en moyenne, dans les roches de la croute terrestre, donc c’est très peu, c’est un des éléments les plus rares, mais il est fréquent dans certaines régions.» Dans ce contexte, l’orpaillage a donc le vent en poupe. Sur le net, des milliers de passionnés partagent leurs techniques, leurs inventions ou leurs canulars… Et il n’est pas toujours évident de détecter les images complètement fallacieuses des découvertes, impressionnantes, mais bien réelles… « There is so much gold ! Oui, ça c’est sûr, mais d’où vient-il ? » « C’est à peu près sur qu’il ne vient pas de cette rivière. Parce que sinon il ne ferait pas de vidéo ! » « Il faut se méfier avec les vidéos parce qu’on peut très bien semer de l’or avant. Comme toute prospection métallifère, il y a des endroits favoris et des endroits que l’on va appeler stériles. Si vous êtes dans des terrains calcaires massifs, il y a très peu de chances que vous trouviez de l’or. Si vous êtes dans un terrain granitique donc dans un massif ancien, il y a beaucoup de rivières qui charrient de l’or.» De l’or à l’état brut, il y en a des kilos au Muséum National d’Histoire Naturelle. Ses collections minéralogiques figurent parmi les plus anciennes et les plus prestigieuses au monde. Cette masse par exemple, où l’or est encore incrusté dans sa roche d’origine, a été trouvée en Californie dans les années 70. Quant à ce spécimen : il vaut le prix d’une maison. pour identifier une véritable pépite. « Déjà on peut dire plusieurs choses : c’est l’aspect arrondi de toutes les surfaces portantes, qui montre que l’or est très malléable, très plastique, et donc va s’aplatir à la moindre pression. On voit qu’il y a des trous un peu partout et en fait c’est une pépite qui a été au départ dans un filon de quartz, le quartz est parti, a été dissout et il restait l’or. L’or étant un métal noble il ne s’altère pas, il ne s’oxyde pas, donc il survit. » Ce type de trouvaille reste exceptionnelle. Malgré tout, dans certaines régions, l’orpaillage sauvage devient un véritable enjeu environnemental et socioéconomique. Le Bureau de recherches géologiques et minières est l’établissement public chargé de gérer les ressources et les risques du sol et du sous-sol français. Il est fortement impliqué dans les activités minières guyanaises : « On estime en France, donc en Guyane, je prends le cas de la Guyane, que pour 1,5 tonnes d’or produit chaque année de façon légale, on va avoir 10 tonnes d’or extraites illégalement. » Sur le plan environnemental, l’orpaillage sauvage engendre déforestation et pollution des sols et des cours d’eau. Très souvent, ce que les orpailleurs récupèrent en bout de chaîne, c’est une poussière d’or qu’il faut agglomérer à l’aide de mercure. « Les orpailleurs utilisent ce qu’on appelle les techniques d’amalgame, c’est-à-dire qu’ils vont essayer de réunir les microparticules d'or avec le mercure, et une fois qu’ils ont réuni tout ça, ils obtiennent un amalgame, et ensuite ils grillent... Ils chauffent, ils grillent et le mercure qui est très volatile part dans l’atmosphère et va se redéposer quelques mètres plus loin. Et là le mercure, pour les poissons, pour la chaîne alimentaire, c’est un toxique violent. » « Nous, au sein du BRGM, on travaille avec le ministère de la transition écologique, notamment sur des méthodes qui seraient moins invasives pour l’exploration. Et puis on a un aspect qui est après-mines où là, on peut avoir une expertise à apporter sur la façon dont on peut réhabiliter un site en le laissant dans le meilleur état possible après exploitation. » Une autre stratégie envisagée pour mieux contrôler la filière est le traçage du métal. Le but : pouvoir remonter à la source des grains d’or vendus chez les négociants. Le BRGM, en partenariat avec l’ONG WWF, a mené un projet pilote en ce sens, le projet TAO : « En fait on doit tout d’abord établir une base de données avec l’ensemble des gisements potentiels et ensuite cette base de données permettrait aux douaniers de pouvoir définir directement d’où vient l’or exploité. On pourrait très bien imaginer que de l’or arrive à la douane française pour sortir de la Guyane, que le douanier puisse faire quelques manipulations chimiques qui permettent de recueillir un certain nombre d’éléments. Donc on va retrouver par exemple de l’argent, du tellure, qui pourraient être associés à l’or, et suivant les teneurs de ces métaux, on pourrait définir si cet or a été exploité d'une manière légale versus d'une manière illégale, et si cela a été exploité de manière illégale, saisir cet or puisqu'il ne fait pas partie du réseau, il n'y a pas eu de permis d'exploitation.»