Quand les Européens ont découvert l'Amérique Latine, ils ont été surpris de voir que la sève de certains arbres servait à fabriquer des petits objets. ils ont mis longtemps avant de s'intéresser à cette matière. Là-bas, on l'appelait le « bois qui pleure », ce qui en langue quechua se dit « cao-tchu » d'où le caoutchouc. Ce bois c'est l'hévéa. Quand on incise le tronc, il en sort un liquide blanc qu'on recueille sur de grandes feuilles et qu’on fait sécher au soleil. Au milieu du XVIIe siècle, François Fresneau, ingénieur du Roi de France en Guyane, cherche à maîtriser cette matière qui colle quand elle est exposée au soleil, font quand on la chauffe, casse quand on la refroidit, mais est aussi naturellement élastique et imperméable. Comme elle sèche très vite Fresneau cherche à y mélanger un produit qui la rendrait plus utilisable. Mais lequel ? Le chimiste anglais James Syme mélange du caoutchouc avec du naphta, un dérivé de la houille, il obtient un liquide qui permet d'imperméabiliser les vêtements mais ceux-ci ne sentent pas bons et collent un peu. L’Américain Charles Goodyear traite du caoutchouc avec du nitrate de cuivre, du nitrate de bismuth et de l'acide nitrique, ce qui améliore la résistance du caoutchouc à la chaleur. Un jour Goodyear rencontre Nathaniel Hayward, un inventeur, qui lui dit que saupoudrer le caoutchouc de fleur de soufre et le laisser sécher au soleil, diminue encore son aspect collant. Par un soir d'hiver glacial, Goodyear fait tomber un morceau de caoutchouc saupoudré de soufre sur son poêle bouillant. Gêné par l'odeur qui se dégage, il le jette dehors. Surpris, il découvre le lendemain que ce qu'il a jeté n'a pas fondu à la chaleur du poêle, ne s'est pas cassé avec le froid et reste parfaitement flexible. Goodyear passera des années à améliorer son procédé. Entre temps d'autres inventeurs ont eu vent de ces découvertes. Hancock déclare avoir trouvé la manière de dompter le caoutchouc et dépose le brevet on l'appelle « vulcanisation ». C'est une recette simple à maîtriser et facile à reproduire. Il suffit juste d'avoir suffisamment de soufre et de connaître la température de chauffage. Le succès de ce caoutchouc est fulgurant. La demande en matière première augmente. Comme elle coûte cher, on essaie de la fabriquer artificiellement. Goodyear a créé un caoutchouc exploitable mais n'a jamais réussi à l’expliquer scientifiquement. En 1860, l'Anglais Charles Greville Williams dévoile le mystère. Par distillation, il sépare les composants de la matière et trouve la molécule de caoutchouc qu'il baptise « isoprène ». Plus tard, le Français Gustave Bouchardat mélange cette molécule à de l'acide chlorhydrique et obtient une pâte qui ressemble à du caoutchouc. Cela permet d'avoir plus de caoutchouc avec moins de matière première. Il faut attendre 30 ans avant que le chimiste allemand Fritz Hofmann créé le premier caoutchouc artificiel. Il mélange du diméthyle de butadiène avec de l'acide chlorhydrique. Ce caoutchouc synthétique peut être produit à l'échelle industrielle. Après la première guerre mondiale, le chimiste allemand Hermann Staudinger poursuit les recherches sur la composition du caoutchouc. Il avance que cette matière est composée d'une longue chaîne de molécules assemblées entre elles d'une manière très particulière. On appellera cela un « polymère ». La découverte des polymères du caoutchouc a ouvert la voie à l'invention de plein de manières différentes. Cela a amené à utiliser du pétrole pour fabriquer du caoutchouc artificiel. Ca a tellement bien fonctionné qu'on a fabriqué plein d'objets qu'on ne sait pas encore recycler. Aujourd'hui, on cherche encore de nouvelles matières qui soient aussi malléables que le caoutchouc mais qui consommeraient moins de ressources et qui seraient entièrement recyclables.
Réalisation :
Guillaume Benski
Production :
Superbe Films, en partenariat avec LeBlob.fr
Année de production :
2021
Durée :
3min53
Accessibilité :
sous-titres français