Pour les scientifiques qui s’intéressent aux déchets plastiques dans les océans, le plus grand mystère n’est pas celui de leur accumulation mais celui de leur disparition. En effet, environ 90% des déchets largués dans l’océan via les fleuves, le littoral ou la pêche, demeurent introuvables.
La quantité de plastique déversée chaque année par les fleuves de la planète est estimée par exemple à 4 millions de tonnes quand celle des déchets flottants à la surface des océans s’élève à 230 000 tonnes pour les estimations les plus hautes.
Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la disparition de ces plastiques de la surface, en particulier celle de leur rapide dégradation et de leur sédimentation.
C’est dans le cadre d’un dossier exceptionnel du magazine Science qu’une équipe française du Cefrem à Perpignan apporte une réponse étonnante à cette disparition.
En analysant l’ensemble des données et des études disponibles sur les microplastiques transportés par les fleuves, cette équipe a relevé une grande hétérogénéité des méthodes d’échantillonnages utilisées dans le monde ainsi que des erreurs et des imprécisions dans l’interprétation et l’extrapolation de ces données à grande échelle.
A tel point qu’une fois corrigée par ces chercheurs, la quantité de microplastiques déversée par les fleuves serait deux à trois fois inférieure aux estimations. Elle ne se compterait plus en millions de tonnes annuelles mais en milliers.
Un résultat qui laisse penser qu’il n’y aurait pas de disparition de déchets plastique mais une surestimation des quantités annuelles déversées dans les océans.
Ce résultat n’est pas pour autant une bonne nouvelle : la surface des océans reste tapissée de ces déchets dont la durée de vie serait bien supérieure à celle estimée auparavant.