-Les historiens, à partir de l'étude des variations de taille, en déduisent quelles étaient les conditions d'alimentation, de santé, d'éducation des populations étudiées. Ils arrivent parfois à des conclusions étranges. -"Compagnie Marion." "Mathis Schneider, né à Morschwihr, Haute-Alsace." Au XVIIIe siècle, en Europe, on a pu observer que lors des périodes de réchauffement climatique, le prix du blé diminuait, vu que les récoltes étaient bonnes, et que la taille des Européens augmentait. A l'inverse, lors des périodes de refroidissement, les récoltes sont moins bonnes, les prix du blé augmentent, et la taille diminue. Donc il y a un rapport entre variation de température, prix du blé et stature des Européens. -La taille nous renseigne sur le climat mieux qu'une carte météo. C'est assez inattendu. Les effets changent selon les continents. -Aux Etats-Unis, il semblerait que la présence du train se traduise par une baisse de la stature à l'échelle du comté, car le train implique des possibilités d'exporter les denrées alimentaires, donc les producteurs mangent moins bien. Et le train apporte des microbes, c'est l'unification microbienne du territoire. Donc les ruraux souffrent de maladies qu'ils ne connaissaient pas avant. En revanche, l'espace européen est déjà unifié au niveau microbien, au XIXe siècle. Et quand le train arrive, il permet de mieux manger : le blé arrive à meilleur marché et à temps pour sauver les populations des disettes. Alors le train fait grandir en Europe, et il fait devenir plus petit, aux Etats-Unis. -Les données sur les femmes sont peu nombreuses, nous y voilà. Leur taille varie-t-elle de la même façon que celle des hommes ? -On constate que la femme est plus sensible aux répartitions inégales de production alimentaire que l'homme. Donc, lorsqu'il y a une production moins importante, l'alimentation des hommes va être prioritaire sur celle des femmes. Aussi, surtout dans la première moitié du XIXe, en Allemagne comme au Royaume-Uni, lorsqu'il y a déclin statural, on observe que le déclin est plus précoce chez les femmes, et qu'à la reprise de stature, les femmes gagnent après les hommes. Donc, au sein même des cellules familiales, il y a un arbitrage implicite qui donne la priorité au chef de famille, dans la répartition de ces protéines animales. -L'histoire nous parle aussi d'inégalités alimentaires. Cela sera-t-il confirmé par les ethnologues qui étudient nos sociétés ?
Réalisation :
Véronique Kleiner
Production :
Point du Jour, PICTA productions, CNRS IMages, CNDP, avec la participation d''Universcience
Année de production :
2013
Durée :
3min52
Accessibilité :
sous-titres français