Le champion olympique du saut, toutes catégories confondues, c’est lui. Le collembole globulaire. Un arthropode long de quelques millimètres, abondamment présent dans les sols, où il contribue à décomposer la matière organique.
Ce minuscule acrobate, à peine plus grand qu’une tête d’épingle, ne vole pas, ne mord pas et ne pique pas. Mais il possède un talent remarquable : le saut. En fait, le saut est sa seule et unique stratégie pour éviter les prédateurs. D’ailleurs, si on se contente de l’observer à l’œil nu, il semble disparaître lorsqu’il décolle !
Des chercheurs de l’Université de Caroline du Nord ont voulu comprendre comment cette bestiole réalise des sauts aussi prodigieux. On savait déjà que le collembole se propulse grâce à un appendice dissimulé sous son abdomen, la "furca". Et grâce à des caméras ultra-rapides et un microscope électronique à balayage, les chercheurs viennent de mettre en évidence que c’est, plus précisément, l’extrémité dentelée de la furca qui assure l'adhérence au sol et permet un décollage efficace.
Il ne lui faut qu’1,7 milliseconde pour décoller, et saute à peu près à la même vitesse qu’une puce. Mais en plus il tourne ! Parmi ses exploits, notons que cette petite bête peut sauter verticalement jusqu’à plus de 60 mm, tout en effectuant entre 14 et 29 saltos arrière en moins de 200 millisecondes. Et fait étonnant, qui fera l’objet de futures recherches, tous les collemboles observés sautent en arrière, même lorsqu’ils sont stimulés à l’arrière de leur corps.
Quant à l’atterrissage, il n’est pas toujours maitrisé. Parfois le collembole rebondit et roule jusqu’à s’arrêter, mais il peut aussi réussir un atterrissage parfaitement contrôlé. Son secret ? Deux longs tubes, appelés « collophores » ou « tubes ventraux », qu’il déploie pour se fixer au sol et amortir l’impact. Si ces tubes ne s’agrippent pas, il rebondit et roule encore avant de se stabiliser.
En tous cas, pas besoin d’attendre les prochains Jeux Olympiques pour rencontrer un champion en personne. Il vous suffit de plonger le nez dans la litière humide des feuilles mortes. Elle fourmille de petits gymnastes talentueux.