Une illustration du Big Bang. La grande tache rouge de Jupiter, vue depuis la haute atmosphère de la planète. Des multivers, ou univers multiples. Pierre Carril, 57 ans, est illustrateur scientifique, spécialisé dans le domaine spatial. L'espace, une passion née et nourrie avec la course aux étoiles et les missions lunaires des années 1960-1970. Aujourd'hui, il dessine des trous noirs, des supernovas, des planètes et des galaxies lointaines pour les agences spatiales françaises et européennes, et la presse scientifique. Cette image est une commande du magazine Sciences et Avenir, qui a fait un dossier sur les différents types d'univers imaginés par les cosmologistes. Une multitude d'univers peuvent coexister simultanément dans des espaces-temps. Il fallait donc suggérer cette pluralité de conditions physiques par différentes couleurs ou différentes textures, que j'ai placées ici sur mes sphères ou boules en cristal, en 3D. On essaie de faire quelque chose qui soit conforme aux demandes des scientifiques, et qui soit joli en même temps. Ça facilite aussi le travail de lecture et de découverte du lecteur. Je me vois aussi un peu comme un facilitateur de démarche et d'intérêt pour le lecteur. À la base, j'ai fait une école d'art, les Arts Appliqués à Paris. Je pratiquais l'astronomie en tant qu'amateur, modestement. Et j'ai pu faire concilier cette passion avec mon activité artistique. J'ai commencé par faire des illustrations dans le domaine de l'édition. Parallèlement, j'ai contacté le CNES ici à Toulouse et l'ESA à Paris, avec lesquels ensuite j'ai travaillé. Pierre Carril réalise notamment des vues d'engins spatiaux, fusées ou satellites, ce qu'on appelle des "vues d'artiste" mais qui se basent sur des cahiers des charges très précis, et des données scientifiques. Je fais moi-même des croquis ou des éléments de croquis. En général en 2D d'abord, et ensuite en 3D, pour la partie modélisation. Je vous montre par exemple ce petit satellite, le SEOSAT. Mon rôle, c'est aussi de dessiner le satellite, d'en faire un visuel et de le mettre en scène. Sur ce visuel, il y a un travail sur l'arrière-plan, les éclairages, les reflets. C'est une commande du magazine Ciel & Espace et ça représente le satellite de Jupiter, Io. Mon travail a consisté à recréer un profil altimétrique de la surface du satellite, pour avoir un rendu 3D réaliste. Et puis, c'est un satellite qui a une surface changeante, donc j'ai compilé des photos qui ont été prises au cours de différentes années, et j'ai fait une synthèse de ces photos pour avoir une surface qui soit plausible. Des choses que j'aimerais dessiner, que je n'ai pas encore dessinées ? D'autres mondes, des exoplanètes. Depuis 20 ans, on en a découvert près de 5 000. J'ai hâte que les prochaines générations de télescopes puissent photographier et résoudre optiquement ces exoplanètes lointaines. On n'a pas de visuels de ça. Les illustrations que j'ai pu faire étaient interprétatives, même si basées sur des données. Oui, j'aimerais bien réaliser d'autres vues d'exoplanètes.