Chasse au miel : une collaboration rare mais fructueuse entre Homme et oiseau Homme et oiseau : un duo de choc dans la chasse au miel Le Grand indicateur (Indicator indicator) ou « guide du miel » en anglais est un petit oiseau africain au plumage banal qui ne brille ni par sa beauté ni par son chant. Sa singularité se trouve ailleurs : il se distingue par sa capacité rare à guider d’autres espèces animales, à commencer par l’homme, vers des ruches sauvages. Les oiseaux mènent les chasseurs de miel aux ruches cachées dans les arbres et en retour les hommes enfument et ouvrent les nids avec une hache. Les chasseurs prennent le miel laissant aux oiseaux, larves et cire d’abeilles qu’ils sont capables de digérer. Un parfait échange de compétences ! Cette collaboration inhabituelle entre l’homme et un animal sauvage est maintenant comprise depuis plusieurs années, mais une équipe internationale de biologistes de l’évolution a récemment franchi une nouvelle étape. Leur étude, menée en étroite collaboration avec des chasseurs de miel africains, a jeté la lumière sur les mécanismes de communication entre les oiseaux et les hommes pendant la chasse au miel. En effet, le Grand indicateur utilise des cris stridents pour attirer l’attention des humains et les orienter vers des ruches. D’un autre côté, les chasseurs de miel initient activement la coopération en utilisant des appels spécialisés, transmis de génération en génération, pour signaler leur recherche d’un partenaire oiseau. Cette communication étonnante a été explorée lors de simulations de chasse menées par les chercheurs dans le Nord de la Tanzanie et du Mozambique avec deux groupes ethniques. Les chasseurs de miel du groupe Yao, dans la réserve de Niassa au Mozambique, utilisent des trilles suivis d’un grognement distinctif. En revanche, les chasseurs du groupe Hadza, des collines de Kidero en Tanzanie, optent pour un sifflement mélodique. Les résultats sont frappants : les Grand indicateurs du territoire Hadza sont trois fois plus enclins à répondre au sifflement Hadza qu’à l’appel Yao, et vice versa pour les oiseaux de la région Yao. Cette découverte suggère que les oiseaux répondent aux signaux de leur culture humaine locale plutôt qu’à d’autres cultures ou types de sons humains. Tout comme les humains apprennent les appels traditionnels locaux de chasse au miel de leur propre culture, les Grand indicateurs semblent également s’adapter aux signaux spécifiques de chaque communauté de chasseurs. Selon les chercheurs les résultats de cette étude renforcent l’idée d’une co-évolution culturelle entre Homme et oiseau, où les adaptations apprises par chaque espèce peuvent s’influencer et se renforcer mutuellement. Une alliance remarquable avec des bénéfices communs pour les deux espèces, sans coercition, entraînement ou domestication.
Réalisation :
Caroline Ando , Véronique Marsollier
Production :
Universcience
Année de production :
2023
Durée :
3min03
Accessibilité :
sous-titres français