Bonjour et bienvenue à la Cité des sciences et de l’industrie pour ce nouveau numéro du journal des sciences. Au sommaire cette semaine :
- Une station orbitale en chute libre
- Des rennes sous l’œil de drones
- Un casque pour sonder le cerveau
- Et enfin, des grenouilles luttant contre des champignons
Station en chute libre
Il paraît que la seule crainte des Gaulois était que le ciel leur tombe sur la tête. Si, en soi, le ciel ne peut s’effondrer, jetez quand même un œil au-dessus de vos têtes. Car la station spatiale chinoise Tiangong-1 est actuellement en chute libre.
Lancée en 2011, la station spatiale chinoise Tiangong-1 est hors de contrôle depuis le mois de mars 2016. Sans assistance, l’engin de 8 tonnes – gros comme un bus – perd progressivement de la vitesse, et donc de l’altitude. Et ses jours sont désormais comptés.
Évoluant à 270 km d’altitude, le vaisseau chinois a pu être observé grâce au radar allemand TIRA et son antenne de 34 mètres de diamètre. Les images obtenues montrent que le vaisseau est encore intact, mais plus pour très longtemps : à cette altitude, le frottement contre les hautes couches de l’atmosphère accélère sa chute.
Les derniers calculs semblent indiquer que la station s’écrasera entre le 30 mars et le 3 avril, avec une plus grande probabilité le 31 mars.
Les zones possibles de chute correspondent quant à elles aux zones de survol de l’engin. Le sud de Perpignan, la Corse et tous les départements et régions d’outre-mer sont a priori concernés.
Si le risque zéro n’existe pas, le danger reste néanmoins très faible. (Car) Plus de 90 % de la station va se consumer en entrant dans l’atmosphère. Et rappelons qu’à ce jour, aucun engin spatial n’a fait de victime en retombant sur Terre.
Des rennes sous l’œil des drones
Le caribou – le renne sauvage du Canada – migre chaque année pour pouvoir s’alimenter. En utilisant pour la première fois des drones, des chercheurs ont pu détecter des comportements encore jamais observés au sein d’une harde.
Chaque automne, le caribou Dolphin-and-Union – une sous-espèce de renne – migre depuis l’île Victoria jusqu’au continent pour passer l’hiver. Grâce à des drones, des chercheurs américains et britanniques ont pu pour la première fois étudier avec précision le comportement des animaux au sein du troupeau.
Ces images aériennes, couplées à une analyse par ordinateur, permettent de suivre le mouvement de chaque individu. À la différence des colliers GPS qui n’autorisent pas ce niveau de détail, cette nouvelle approche permet aux chercheurs d’analyser les interactions sociales pendant les migrations.
Résultat : les individus d’un même troupeau sont loin d’avoir un comportement identique. D’importantes variations dans la sociabilité entre sexes et classes d’âges ont été observées. Les petits, par exemple, sont très sociaux tandis que les adultes sont beaucoup plus indépendants.
L’étude montre également que les caribous suivent des règles d’interactions fortement isotropes c’est-à-dire qu’ils sont plus influencés par les membres du troupeau devant eux que par ceux qui se trouvent à leurs côtés.
Comprendre le comportement collectif de ces animaux est essentiel, car les dynamiques sociales jouent un rôle important sur le niveau de la population des caribous, actuellement en baisse. D’autant que les espèces migratrices jouent un rôle clé dans le fonctionnement des écosystèmes.
Casque d’imagerie cérébrale
Sonder le cerveau requiert habituellement un équipement imposant. Or des chercheurs anglais viennent de présenter un casque d’imagerie cérébrale extrêmement compact et léger, capable de capturer en temps réel l’activité cérébrale d’une personne vacant à ses occupations… enfin presque !
Hocher la tête, s’étirer, boire du thé ou même jouer au ping-pong : toutes les activités sont compatibles avec le casque de Gareth Barnes, du University College de Londres. Coauteur d’une étude publiée dans la revue Nature, ce neuroscientifique propose un dispositif qui révolutionne la magnétoencéphalographie.
La magnétoencéphalographie, ou MEG dans le jargon médical, est une technologie d’imagerie cérébrale fonctionnelle, c.-à-d. qu’elle permet d’étudier le cerveau pendant qu’il travaille. Mais les appareils classiques sont très encombrants, car leurs capteurs ont besoin d’être refroidis à -269 °C ! Pesant une demi-tonne, ce dispositif ne permet absolument aucun mouvement.
Pour s’affranchir de cette contrainte et pouvoir étudier le cerveau dans des situations plus naturelles, les chercheurs ont utilisé de nouveaux types de capteurs, très légers et pouvant fonctionner à température ambiante.
Plus souple, cette approche permet également de mener des examens sur un panel plus large d’individus. Les très jeunes enfants, les patients épileptiques ou encore les personnes atteintes de troubles neurodégénératifs pourront avoir un bien meilleur accès à la magnétoencéphalographie.
Credit: Nature Video, Wellcome
La grenouille et le champignon
Depuis une vingtaine d’années, les populations mondiales d’amphibiens sont décimées par une maladie infectieuse provoquée par un champignon. Mais un article publié dans la revue Science redonne un peu d’espoir : des biologistes américains ont constaté que certaines espèces devenaient résistantes au champignon et que leur population recommençait à croître.
Depuis plusieurs années, l’équipe de biologistes, dirigée par Jamie Voyles, surveille les populations d’amphibiens de trois régions du Panama. Comme partout dans le monde, ces populations sont victimes d’un champignon qui provoque une maladie mortelle : la chytridiomycose.
Considérée par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature comme la pire maladie infectieuse jamais observée chez des vertébrés, la chytridiomycose s’attaque à la peau des grenouilles, des crapauds et des salamandres.
Pourtant, Jamie Voyles et son équipe viennent d’observer qu’au Panama les populations de neuf des douze espèces jugées en état critique recommençaient à se multiplier. Les prélèvements recueillis sur les pattes des animaux montrent que le champignon est toujours présent et que la souche est identique à celle qui décimait ces amphibiens il y a 10 ans.
D’ailleurs, des grenouilles élevées en captivité ne survivent toujours pas lorsqu’elles y sont exposées. Les populations sauvages de cette région seraient donc parvenues à développer une résistance à cette maladie. Un constat qui redonne espoir...
Final
Ce journal est terminé, mais avant de nous séparer, je vous propose de jeter un œil au projet mené par un américain de 61 ans.
Mike Hughes est un platiste. En d’autres termes, il pense que la Terre est plate, et pour le prouver, il compte photographier l’horizon depuis l’espace grâce à sa propre fusée. Après plusieurs échecs, Mike vient de s’élancer à bord d’un prototype jusqu’à une altitude de 572 m. L’atterrissage, comme le décollage, ont été quelque peu violents, et l’américain s’en est sorti avec un bon mal de dos. Ce qui ne semble pas le décourager pour passer à l’étape suivante : grimper jusqu’à une altitude de 110 km. Faute de prouver que la Terre est plate, espérons que Mike ne vienne pas à faire, malgré lui, la démonstration de la sélection naturelle.
Allez, sur ces images, je vous souhaite une bonne semaine à tous !