Méconnu du grand public, le protoxyde d’azote est pourtant un gaz à effet de serre qui a des conséquences considérables sur le climat. Son pouvoir réchauffant, c’est-à-dire, sa capacité à contribuer au changement climatique est presque 300 fois plus importante que celui du CO2. En France, le protoxyde d’azote, également appelé N2O, représente 42 % des émissions agricoles de gaz à effet de serre. Il est le deuxième gaz le plus émis par ce secteur après le méthane. Et pour réduire cet impact environnemental, une équipe de chercheurs norvégiens a développé un engrais mélangé à des bactéries. Le protoxyde d’azote est naturellement émis par le sol. Car, pour se développer, les plantes ont besoin d’azote. En général, elles l’absorbent sous forme de nitrate, grâce aux racines. Puis, lorsque les végétaux meurent et se décomposent, ils libèrent des substances azotées dont le protoxyde d’azote. Mais sur une surface agricole, les plantes cultivées sont emportées ou détruites au moment de la récolte. Pour nourrir le sol, les agriculteurs ajoutent donc des compléments en azote dans leurs champs comme des engrais, des effluents d’élevage ou des résidus de culture. Pour leur expérience, les scientifiques ont donc développé un engrais composé d’une souche bactérienne, Cloacibacterium. Cette dernière a plusieurs particularités : elle respire le protoxyde d’azote, et donc diminue sa concentration, elle a une croissance rapide dans l’engrais, et elle survit dans le sol. Les résultats de cette expérience sont convaincants puisque ce mélange, en fonction du type de sol, a permis de réduire de 50 à 95 % les émissions de protoxyde d’azote. Les scientifiques estiment que si cette technique était étendue à tous les types d’engrais, elle pourrait réduire jusqu’à 24 % les émissions européennes de protoxyde d’azote liées à l’agriculture. Si cette approche peut constituer un moyen rentable et efficace de réduire les émissions du secteur agricole, des recherches supplémentaires de souches bactériennes plus productives et plus résistantes restent encore à faire.
Réalisation :
Marie Vidalenc
Production :
Universcience
Année de production :
2024
Durée :
2min22
Accessibilité :
sous-titres français