Dr Pier Vincenzo Piazza, Neurocentre Magendie Inserm Bordeaux
-Je m'appelle Pier Vincenzo Piazza.
Je suis médecin de formation, mais je fais depuis toujours de la recherche.
Depuis 25 ans, je travaille dans le domaine de la toxicomanie.
Je dirige un groupe qui s'occupe de la recherche sur la toxicomanie en général, et nous travaillons de plus en plus sur la toxicomanie au cannabis.
Cette molécule a la caractéristique d'être extrêmement nocive pour ceux qui l'utilisent le plus, à savoir les adolescents, pour deux raisons fondamentales : la première, c'est qu'il provoque une perte de mémoire qui concerne tout ce que vous venez d'apprendre, et la deuxième, c'est qu'il diminue la motivation.
Des statistiques américaines qui viennent de sortir montrent qu'on est à environ 80 %, chez les fumeurs réguliers, d'arrêt d'études et de chômage pour la suite.
On a des modèles animaux qui sont très valides et qui nous permettent d'étudier les effets des drogues.
Pour le cannabis, à peu près aux mêmes concentrations entre l'homme et la souris, on a exactement les mêmes effets : perte de mémoire, démotivation, effet sédatif, toxicomanie.
Donc, en ayant un bon modèle animal et en ayant le mécanisme préservé, on peut faire des découvertes chez l'animal qu'on peut après étudier chez l'homme.
Nous avons découvert de façon surprenante que le cerveau, quand il est exposé à des doses très élevées du principe actif du cannabis, appelé THC, va produire une hormone qui s'appelle la prégnénolone dans des quantités importantes.
Ça va augmenter cette hormone de 3 000 %, et la fonction c'est de bloquer les effets du cannabis.
Donc on s'est dit : si on peut isoler cette hormone et la donner à des gens qui fument du cannabis, on va peut-être bloquer tous les effets du cannabis, même à des doses faibles.
Et c'est le cas.
Donc on a fait des dérivés de la prégnénolone qui ont ces caractéristiques : ils ne sont pas dégradés, ils ont une durée de vie dans l'organisme assez longue et ils sont très bien absorbés par voie orale. Donc on en a fait un médicament qu'on espère, après avoir terminé les études toxicologiques, pouvoir tester chez l'homme d'ici un an et demi.