Nous sommes depuis 2022, 8 milliards d’humains sur la planète. Pourquoi la population mondiale augmente-t-elle rapidement ? Combien serons-nous demain ? Chaque seconde naissent quatre bébés en moyenne. Chaque seconde meurent deux êtres humains en moyenne. Chaque seconde, notre planète compte en moyenne deux personnes en plus. Deux personnes en plus chaque seconde, cela représente 200 000 par jour, 75 millions par an. Rapportés aux près de 7,5 milliards de 2015, c’est 1% en plus par an. À ce rythme de 1% par an, la population double en 65 ans. S'il se maintenait, les près de 7,5 milliards de 2015 deviendraient 15 milliards en 2080, 30 milliards en 2145, etc. Mais l’évolution du nombre des femmes et des hommes n’est pas une multiplication sans cesse recommencée. Les Nations Unies prévoient au contraire une stabilisation d’ici un siècle à près de 10 milliards. Pourquoi ? Pour le savoir, découvrez l’évolution de la population mondiale. Pendant presque toute son histoire, la population mondiale ne s’est comptée qu’en centaines de milliers ou en millions, et elle n’a augmenté que très lentement. Comptant peut-être 250 millions d’habitants il y a 2 000 ans, elle approchait du milliard à la fin du XVIIIe siècle. À cette époque, son rythme d’accroissement se modifie : la population se met à augmenter rapidement. Elle atteint un milliard vers 1800, deux milliards en 1927, trois milliards en 1960, quatre milliards en 1974, cinq milliards en 1987, six milliards en 1999, et sept milliards en 2011. Le seuil de 8 milliards a été atteint en 2022 et la croissance devrait se poursuivre Mais jusqu’où ? Les Nations Unies prévoient que la population mondiale sera « seulement » de 10 milliards en 2060 et qu’elle pourrait se stabiliser autour de ce chiffre. Sur quelles bases reposent ces pronostics ? Et si l’on se tourne vers le passé, comment s’explique la lente croissance jusqu’au XVIIIe siècle ? Que s’est-il passé ensuite pour que la population se mette à augmenter rapidement ? Découvrez les étapes de l’évolution du nombre des femmes et des hommes. Pendant presque toute son histoire, l’humanité a connu un équilibre entre les naissances et les décès. Les femmes mettaient au monde beaucoup d’enfants, en moyenne 6 chacune. Mais la plupart de ces enfants mouraient en bas âge, et seulement deux en moyenne survivaient jusqu'à l'âge adulte et « remplaçaient » leurs parents. En raison de l’équilibre entre les naissances et les décès, la population humaine restait relativement stable sur le long terme. Si elle augmentait, c’était lentement, à un rythme de quelques pourcents par siècle. Localement, l’évolution était marquée par des crises, comme les épidémies ou les famines. Mais une fois la crise passée, la population récupérait ses effectifs en quelques générations. L’équilibre séculaire entre les naissances et les décès a été interrompu il y a deux siècles. Jusqu’au XVIIIe siècle, la population n’augmentait pas, ou très lentement. Les naissances étaient nombreuses, et les décès aussi, les deux s’équilibrant à peu près. Au XVIIIe siècle, en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord, l’essor économique, les progrès de l'hygiène et de la médecine font disparaître les grandes crises de mortalité dues aux épidémies et aux famines. La mortalité, notamment infantile, diminue. Les familles continuent à avoir beaucoup d’enfants, et les naissances restent nombreuses. Les décès sont dorénavant moins nombreux que les naissances et la population s'accroît rapidement. Les adultes prennent conscience que la plupart des enfants échappent désormais à la mort et qu'ils n’ont plus besoin d'en avoir autant qu’auparavant pour assurer la relève. La perspective de nourrir de nombreuses bouches et d’assumer les frais d’éducation les incite à adopter un nouveau comportement : la limitation volontaire des naissances. Le nombre d'enfants par femme diminue. La mortalité continue de baisser, les naissances restent plus nombreuses que les décès et la population augmente toujours. Vient le moment où le taux de mortalité, qui a atteint un plancher et s'est stabilisé, est rejoint par celui des naissances. Le nombre d’enfants par couple est faible : près de deux en moyenne. Tous ou presque parviennent à l'âge adulte et remplacent les parents à la génération suivante. Vers la fin du XXe siècle, en Europe, les naissances et les décès tendent à s'équilibrer et la population n'augmente plus. La transition démographique est achevée. La transition a duré deux siècles en Europe. Le déséquilibre temporaire entre une mortalité déjà faible et une fécondité encore forte a conduit à une multiplication des effectifs pendant la transition. En deux cents ans, la population de l’Europe a été multipliée par quatre. La transition démographique, commencée en Europe et en Amérique du Nord, a touché l’ensemble du monde. Partout sur la planète, la mortalité a diminué et diminue encore, et les familles choisissent de limiter les naissances comme l’avaient fait avant les familles européennes et les familles nord-américaines. Et partout, la transition démographique s’est accompagnée d’une multiplication du nombre d’êtres humains. La transition démographique devrait s’achever partout d’ici la fin du siècle. L’humanité pourrait alors s’établir à environ 10 milliards, mais la population n’augmenterait plus. Au cours des trois siècles de transition démographique, l’humanité aura vu sa population multipliée par plus de dix ! Et après la transition ? Le nouvel équilibre verra-t-il vraiment le jour ? Rien ne le garantit. Si la mortalité devait rester à un niveau bas, il n’est pas certain que le nombre moyen d’enfants par femme se stabilise exactement à deux par couple, le niveau d’équilibre à terme. Quel avenir pour la population mondiale à long terme ? L’humanité compte près de 8 milliards de femmes et d’hommes en 2022 et en comptera probablement autour de 10 milliards en 2060. Mais au-delà, combien la Terre comptera d’êtres humains ? Les projections sont incertaines à long terme. Beaucoup dépendra du nombre d’enfants que les familles auront demain. Dans le modèle de la transition démographique, la fécondité se stabilise au niveau assurant le remplacement des générations lorsque la mortalité est basse : 2 enfants en moyenne par femme. Les Nations Unies ont imaginé un scénario où les familles auraient demain exactement 2 enfants en moyenne chacune. La population mondiale, une fois atteint 10 milliards, se stabiliserait alors à ce chiffre. Dans beaucoup de pays où la transition démographique est achevée, la fécondité est très inférieure à 2 enfants en moyenne par femme. En 2015, elle était de 1,6 enfant par exemple dans l’ensemble de l’Union européenne (à 28 pays), et de 1,3 en Italie. Si la famille de très petite taille devient un modèle se répandant dans l’ensemble du monde de façon durable, la population mondiale, après avoir atteint un maximum de 10 à 11 milliards, diminuerait inexorablement jusqu’à l’extinction à terme. Mais on peut imaginer un autre scénario où la fécondité remonterait dans les pays où elle est très basse pour se stabiliser à l’échelle mondiale à 2,3 enfants par femme. La conséquence en serait une croissance ininterrompue – la population atteindrait 37 milliards en 2300 - et à nouveau la disparition de l’espèce à terme, mais cette fois par excès. Un autre scénario est également imaginable, où les niveaux de fécondité actuels sont gelés pour les trois prochains siècles : scénario dit « de fécondité constante ». La population atteindrait alors quelque 134 000 milliards ! Ce scénario est irréaliste dès le départ, la fécondité diminuant pratiquement partout dans le monde. Il illustre simplement combien la croissance conduit vite à l’explosion quand elle est sans cesse reconduite. Si l’on ne se résout pas aux scénarios catastrophes de fin de l’humanité, par implosion ou explosion, il faut imaginer un scénario de retour à terme à l’équilibre. Le scénario moyen est construit avec des hypothèses choisies en vue d’obtenir à terme l’équilibre, avec notamment la fécondité stabilisée exactement à 2 enfants. Il n’est pas plus réaliste que les scénarios de fécondité basse et haute. Il indique simplement le chemin si l’on veut que l’espèce humaine ne disparaisse pas, en tout cas pas dans les prochains siècles. Les êtres humains sont en voie de maîtriser la croissance de leur population. Mais pour vivre convenablement à 10 milliards, ils doivent apprendre à mieux gérer les ressources de la planète et à les partager de façon plus équitable. À long terme, la survie de l’espèce humaine dépend, autant, sinon plus, de la façon dont les terriens vivront que de leur nombre.