Sur le toit de la Cité des sciences et de l'industrie, les gaz à effet de serre sont sous haute surveillance... 24h/24. Avec cette station de mesure, on peut suivre en direct les émissions humaines de dioxyde de carbone qui envahissent quotidiennement l'atmosphère nord-parisienne. Le capteur fonctionne comme un petit aspirateur qui envoie quelques millilitres d'air toutes les 2 secondes par des tuyaux jusqu'à la station d'analyse. Marc Delmotte, chercheur au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement de Saclay, a paramétré ce dispositif très spécifique qui pilote les mesures en continu. "Cet instrument a été déployé dans le cadre de l'exposition « Climat », mais s'intègre dans un réseau urbain de suivi autour de Paris qui comprend quatre autres stations de mesures dont une au sommet de la Tour Eiffel." L'analyse des teneurs atmosphériques en gaz à effet de serre nécessite trois grandes étapes. D'abord, on prélève. Ensuite, l'air aspiré traverse un filtre. Et enfin, l'échantillon est injecté dans la machine. L'ordinateur affiche les concentrations en parties par million (ppm). Par exemple, Ici, on observe 450 molécules de CO2 pour un million de molécules gazeuses dans l'air. Cette mesure nous indique qu'il y a 0,04 % de CO2 dans l'air ambiant. "La Cité des sciences est proche du périphérique, avec des pics de circulation le matin et en fin d'après-midi. Les valeurs sont donc beaucoup plus élevées que les valeurs de fond obtenues sur une journée ou dans une station éloignée des sources d'émissions comme celle de l'île Amsterdam, en plein océan Indien." Au-delà des variations locales, les scientifiques suivent les tendances à l'échelle planétaire. "Les valeurs sont de 420 ppm de CO2. Ce sont des valeurs plus fortes que la moyenne de l'atmosphère terrestre. Dans l'hémisphère nord, on est passé au-dessus de la barre de 400 ppm il y a quelques mois. Progressivement, d'ici un an ou deux, toute la planète se trouvera au-dessus de cette valeur symbolique de 400 ppm. C'est quelque 1 milliard de tonnes de carbone sont émises chaque année. Si on calcule cette accumulation de 10 milliards de tonnes dans l'atmosphère, on devrait observer une augmentation moyenne de 5 ppm/an. Or on observe environ la moitié : 2,5 ppm/an. Donc il y a la moitié qui disparait de ce bilan, qui correspond à l'absorption de CO2 par l'écosystème terrestre et par les océans." Si le CO2 est si bien réparti, c'est grâce à sa longue durée de vie. Dans l'atmosphère, il peut se conserver pendant des milliers d'années. Tant qu'il n'est pas absorbé par les plantes ou les océans, il se dilue, se disperse... Alors les kilogrammes de CO2 que nous laissons aujourd'hui sur la route peuvent donc se retrouver à l'autre bout de la planète quelques mois plus tard... "Si on met en place un jour, de quotas carbone dans des pays ou des régions, on doit être capable de quantifier ce qui est émis et ce qui est absorbé de manière indépendante, c'est-à-dire non pas à partir des bilans statistiques comme c'est le cas aujourd'hui, mais à partir de mesures directes." Débuté dans les années 1950, ce type de mesures scientifiques est en passe de devenir un vrai outil au service des décideurs. Aujourd'hui, on compte environ 200 stations dans le monde, véritables sentinelles des gaz à effet de serre.
Réalisation :
Yseult Berger
Production :
Universcience
Année de production :
2015
Durée :
3min52
Accessibilité :
sous-titres français