Portée au cinéma, sources de nombreux récits, l’histoire vraie des lions mangeurs d’homme du Tsavo n’en finit pas d’interroger les scientifiques. L’histoire commence en 1898, en pleine époque coloniale, lorsque les Britanniques entament la construction d'un chemin de fer en Afrique de l’Est. Cette année-là, l’officier et ingénieur, John Henry Patterson, arrive sur place pour superviser la construction d'un pont au-dessus de la rivière Tsavo, dans l'actuel Kenya. Très rapidement, deux lions mâles commencent à terroriser le camp des ouvriers Indiens et Africains, dévorant au fil des mois et selon les sources, entre 28 et 140 personnes. Alors que les ouvriers désertent les lieux et que le chantier est quasiment à l’arrêt, Patterson se lance dans une traque, et parvient à tuer en décembre les deux prédateurs, des mâles sans crinière, un trait caractéristique des lions de la région. Deux mois plus tard, le pont est achevé. L’histoire à l’époque fait sensation, Patterson publie un livre sur son épopée en 1904, et Hollywood s’empare du sujet avec plusieurs productions dont L'Ombre et la Proie en 1996 avec Michael Douglas et Val Kilmer dans le rôle de Patterson. En 1924, l’officier anglais finira par vendre à prix d’or, les peaux et les squelettes des lions, au musée Field de Chicago où elles se trouvent toujours exposées aujourd’hui. Et c’est là, que les scientifiques entrent en scène. Plusieurs hypothèses sont émises pour expliquer le comportement des lions : une peste bovine qui aurait décimé leurs proies habituelles les forçant à se rabattre sur d’autres espèces, ou des abcès dentaires qui les auraient poussés à attaquer des proies plus lentes et plus fragiles. La dernière publication en date, s’est intéressée elle aussi à ces dents abimées, en explorant les résidus microscopiques restés au fond de ces cavités : des poils provenant de leurs proies dont ils ont extrait l’ADN. Ils ont ainsi identifié six espèces, dont la girafe, l’oryx, le gnou, le zèbre, deux espèces d’antilope et bien sur l’homme. Ils souhaitent à terme reconstituer le régime alimentaire de ces lions à différents âges. Si cette publication continue d’entretenir la légende des lions du Tsavo, la méthode, elle, est également prometteuse pour l’étude de spécimens encore plus anciens, de dents de carnivores vieux cette fois de plusieurs centaines ou milliers d’années.
Réalisation :
Caroline Ando
Production :
Universcience
Année de production :
2024
Durée :
2min38
Accessibilité :
sous-titres français