Docteur Christine Baldeschi, université d'Evry Val-d'Essonne, responsable de l'équipe Génodermatose
-Je suis chercheuse au sein d'un laboratoire qui s'appelle l'institut I-Stem et j'enseigne la biologie à l'université.
Au sein de l'institut, on travaille sur les maladies génétiques rares et on utilise les cellules souches pour les traiter.
Ces cellules sont issues de l'embryon.
Elles sont obtenues 5 à 7 jours après la fécondation in vitro.
Ces cellules sont mises en culture et ont la propriété d'être immortelles et de donner tous les types cellulaires de l'organisme.
On a mis au point un protocole, une recette de cuisine, qui oriente ces cellules souches vers les cellules de la peau.
On les dirige, comme un GPS, vers les cellules de la peau.
La nouveauté, c'est d'avoir une quantité illimitée de cellules de la peau qui pourront être utilisées par les dermatologues.
A partir d'une banque de cellules souches, qui sont auto-renouvelables indéfiniment, on pourra avoir une quantité illimitée de cellules de la peau à greffer sur les patients, ce qui n'était pas le cas avec des cellules de patients qu'on ne peut pas cultiver à l'infini.
On adapte notre protocole à des conditions compatibles pour un passage chez l'homme.
On le remet au point pour obtenir en grande quantité ces cellules de la peau, pour les utiliser comme pansements, pour traiter des ulcères de patients atteints de drépanocytose.
C'est une maladie du sang qui a comme effets secondaires des ulcères qui sont très douloureux.
On veut produire en quantité illimitée de la peau pour soigner ces patients.
La première étape, c'est de greffer un épiderme sans couleur, sans pigmentation.
Ensuite, on rajoutera des mélanocytes, qui sont responsables de la pigmentation de la peau pour, suivant la couleur de la peau, obtenir une peau plus complexe avec la bonne couleur.
On est les premiers à se lancer vers un essai clinique à partir de cellules pluripotentes.
On espère qu'il pourra commencer début 2015.
Si cet essai clinique est efficace, on traitera un nombre limité de patients atteints de drépanocytose et on pourra étendre cet essai à d'autres indications, comme les grands brûlés, les ulcères de patients atteints de diabète et tout type d'applications touchant l'épiderme, la peau.