"2101, sciences et fiction"
"Nourriture de synthèse"
Pierre Monsan, enzymologiste, Toulouse White Biotechnology.
-Nos cellules, pour se diviser, se reproduire, les différentes fonctions qui répondent à notre homéostase, c'est-à-dire la stabilité de notre organisme, ont besoin de la construction de molécules.
Ça peut être des molécules en très faible quantité, comme certaines hormones, ou des molécules en beaucoup plus grande quantité, comme les protéines de nos muscles, qui sont absolument toutes, à des degrés divers, indispensables.
Donc, il faut apporter la quantité de matière nécessaire à la construction de ces molécules.
Et cette quantité n'est pas négligeable, ça représente de l'ordre de 1 kg, à peu près, par jour.
Et donc, c'est ce qui nous apporte les 2 000 calories dont nous avons besoin.
Il est donc impossible de se nourrir simplement avec une petite pilule.
Dans cette petite pilule, il pourrait éventuellement y avoir beaucoup d'énergie, mais en tout cas, il n'y aura pas la matière indispensable à la reconstruction de tous ces composés qui nous sont indispensables.
D'ailleurs, ceci pose des problèmes nutritionnels.
Il est clair que, dans notre alimentation courante, nous ne récupérons qu'une partie de la matière que nous recevons de nos aliments, puisqu'une autre partie est excrétée dans nos fèces.
Et le problème qui est posé, c'est pour les sportifs qui ont besoin de très grandes quantités d'énergie.
Par exemple, un cycliste qui fait le Tour de France n'a pas besoin de 2 000 calories, comme le vulgum pecus au quotidien, mais de 9 000 calories.
Donc, il faut qu'il mange quatre à cinq fois plus.
Et il est clair que s'il mangeait la même ration alimentaire que nous mangeons quotidiennement, il passerait son temps, notre cycliste, à s'arrêter au bord de la route.
Donc, il faut des alimentations très efficaces, très performantes, pour ces sportifs qui ont besoin de très grandes quantités d'énergie.
"SF"
"Soleil vert"
"Soleil vert", oui, c'est une démarche qui m'intéresse beaucoup.
Surtout aujourd'hui.
Aujourd'hui, on arrive à un vieillissement possible très important de l'humain.
On arrive, grâce aux progrès de l'hygiène de vie, de la nutrition, de la médecine, bien sûr, essentiellement, à prolonger la vie.
Mais cette vie, souvent, se prolonge de manière non autonome.
Autant je pense que la vie est absolument sacrée tant qu'elle est autonome, je ne crois pas qu'elle ait un intérêt à partir du moment où on est réduit à l'état de dépendance, quel que soit ce niveau de dépendance.
Et je trouve que la parabole de "Soleil vert" est très intéressante, parce qu'il y a un moment où...
les humains ont accès à une salle où ils ont une belle musique, le soleil et...
et ils sont recyclés, en fait.
Ils sont recyclés en protéines.
Ils sont recyclés en aliments pour l'humanité.
C'est un peu gênant quelque part, mais en fait ça referme le cercle des origines, puisqu'à l'origine, semble-t-il, l'humain était très anthropophage, pour des tas de raisons, d'ailleurs.
Que ce soit pour s'approprier la force de son ennemi ou tout simplement rendre hommage à ceux qui avaient disparu.
Donc... "Soleil vert", c'est une forme d'anthropophagie élaborée.
La science-fiction, pour moi, c'est ça : des auteurs qui reçoivent des messages.
Venus d'où ?
Je n'en sais rien.
Mais qu'ils sont capables de traduire.
Souvent, ces messages préfigurent ce qui va se passer dans l'avenir, effectivement.
Et je crois beaucoup à ces intuitions.
Je ne pense pas avoir été influencé par la science-fiction, mais je pense avoir été très fortement influencé par des intuitions, par ce genre de message que l'on reçoit de nulle part, mais qui s'impose et qui devient un fil conducteur que l'on suit et qui amène ensuite à déchiffrer de nouvelles voies, à débroussailler de nouveaux chemins et à atteindre des objectifs qu'on n'avait pas du tout pressentis au départ.
C'est ce qu'on appelle la sérendipité.
La sérendipité, dans la vie et surtout dans la recherche, c'est cette démarche qui fait qu'on cherche dans une certaine voie, et s'ouvre, sur le côté, un chemin.
Et on suit ce chemin, ce chemin devient une route, cette route devient une autoroute, et on atteint un objectif qui est souvent assez différent de ce que l'on cherchait au départ, même très différent, mais qui devient majeur, qui devient le résultat le plus important.
2101, sciences et fiction
Conception et réalisation : Patrick Chiuzzi
Avec la voix de Johanna Rousset
Avec la participation de Pierre Monsan, enzymologiste, Toulouse White Biotechnology
Images bande dessinée 2101 : Guillaume Chaudieu
Développeur : Thomas Goguelin
Image et son : Patrick Chiuzzi et Robin Chiuzzi
Enregistrement voix : Studio Ghümes
Musique : Ludovic Sagnier
Montage : Yann Brigant
Chromatiques
Producteur : Patrick Chiuzzi
Assistante réalisateur : Cécile Taillandier
Assistante de production : Élodie Henry
Images additionnelles :
Shutterstock
Universcience
Rédaction en chef : Isabelle Bousquet
Production : Isabelle Péricard
Responsable des programmes : Alain Labouze
Avec la participation d’Amcsti
Remerciements : Eloïse Bertrand, Alice Chiuzzi, Agate Chiuzzi, Delphine Boju, Romain Mascagni, Mathieu Gayon
Avec le soutien d’Investissements d’Avenir et la participation du Centre National de la Cinématographie et de l’image animée
© C Productions Chromatiques / Universcience / Centre de recherche astrophysique de Lyon / TWB / 2016