Elle est chercheuse, biologiste. Et elle pourrait exercer son métier sans jamais regarder ni fabriquer une image.
Mais ce qu’elle aime avant tout, c’est comprendre en touchant avec les yeux.
Chaque jour, comme un peintre prépare sa toile, elle « fixe » le tissu musculaire, le lave avec une solution détergente, le rince.
Puis elle mélange ses ingrédients dans un tube en verre : l’anti-futsh pour le bleu, l’anti-disc large pour le rouge, la roseradish-teroxidase, pour le vert.
Elle en tamponne délicatement le minuscule organe.
Glisse le fragile petit carreau de verre sous la fenêtre du microscope.
Et pose son regard curieux, attentif, ouvert.
La jonction entre le nerf et le muscle apparaît, parfaitement isolée. En bleue, les axones, qui transportent l’information. En vert, la membrane neuronale, par où elle est transmise. En rouge, au point de contact, le muscle.
À cet instant, traversée à chaque fois par la même jouissance de surprendre les phénomènes vitaux dans leur essence profonde, au moment même où ils adviennent, elle capture une image.
Une image propre à expliquer, qu’elle recadre instinctivement, pour la rendre encore plus intelligible et donc encore plus belle.
Pour partager avec d’autres le plaisir de comprendre en touchant avec les yeux.
Jonction neuromusculaire chez la drosophile
Microscopie confocale optique
Marie-Laure PARMENTIER/Bénédicte FRANCO – Institut de Génomique Fonctionnelle - IGF Montpellier (Universités Montpellier 1 et 2/CNRS/INSERM)