Bernard Jégou, Professeur en santé publique Inserm
-Je m'appelle Bernard Jégou, biologiste, professeur à l'École des études en santé publique et je dirige un laboratoire Inserm qui travaille sur la santé, l'environnement et le travail.
Mes recherches personnelles portent sur la reprotoxicologie, comment des produits de l'environnement peuvent avoir chez l'homme ou chez la femme des effets négatifs, par exemple au cours de la grossesse.
On est entourés de produits chimiques, dont certains sont produits par tonnes et par millions de tonnes au niveau mondial.
Dans les produits chimiques, on distingue les produits de consommation courante et les médicaments.
Des familles ou des individus donnent leurs organes à la science.
On récupère les organes reproducteurs, les ovaires ou les testicules, et on a un savoir-faire qui consiste à les mettre en culture et à tester dessus des produits chimiques, comme le Bisphénol A ou des médicaments, y compris ceux qu'on pense anodins, comme le paracétamol, mais qui dans certaines circonstances, peuvent avoir des effets négatifs sur la reproduction.
C'est là qu'on a besoin d'utiliser les animaux.
On prend par exemple une rate qui attend des petits et on suit sa grossesse dans des conditions les plus proches possibles de celles de la population humaine.
On a démontré que, dans la population humaine, prendre trop de paracétamol pendant la grossesse peut conduire à des anomalies de descente des testicules chez le petit garçon.
Si les testicules ne descendent pas bien, l'adulte pourra avoir des difficultés à se reproduire ou pourra même développer certaines pathologies.
Ce paracétamol, qui est anodin, qui est présenté un peu comme la molécule passe-partout, dans certaines conditions, peut avoir un effet de perturbation des hormones, donc des effets négatifs.
Nous faisons le trait d'union entre l'alerte, l'expérimentation animale et l'aide à la décision pour les autorités réglementaires ou les hommes politiques, qui sont chargés de légiférer sur les produits dans l'environnement.