Règles et Douleurs
Sous titres : Marina Kvaskoff épidémiologiste
Règles et Douleurs
Voix :
L’endométriose est une maladie qui est normalement connue des médecins mais comme le cycle menstruel s’accompagne souvent de petites douleurs, c’est une maladie qui peu passer vraiment à côté.
Donc l’endométriose c’est une maladie gynécologique bégnine de l’endomètre. Donc l’endomètre ce sont les cellules qui tapissent l’intérieur de l’utérus. Ce sont des cellules qui vont se développer au niveau du cycle menstruel, et qui vont être là pour accueillir un embryon dans le cas où il y a fécondation. Si il n’y a pas fécondation, ces cellules vont être éliminées, et ce sont les règles.
Dans l’endométriose, ces cellules vont être acheminées par les trompes et être dans la cavité pelvienne et se loger sur d’autres organes. Donc elles peuvent se loger sur les ovaires, sur les intestins. Mais il y a parfois des lésions qui peuvent même se retrouver dans les poumons ou dans le cerveau. Le problème dans l’endométriose c’est que ces lésions vont créer des adhérences entre les organes. Elles vont répondre aux hormones du cycle menstruel tous les mois comme si elles étaient dans l’utérus. Donc tous les mois, ces lésions vont saigner, et ces saignements au niveau de la cavité pelvienne vont créer énormément de douleurs et de l’inflammation. Elle est extrêmement invalidante parce qu’elle est associée à des douleurs chroniques pelviennes pendant le cycle menstruel, mais aussi en dehors du cycle menstruel.
Elle est également associée à une fatigue chronique et des douleurs lors de l’urination, la défécation et pendant les rapports sexuels. L’endométriose est très fréquente. Elle touche de 6 à 10% des femmes en âge de procréer. C’est une maladie de la femme jeune. Le pic de fréquence de l’endométriose a été observé avant l’âge de 30 ans. Et chez les adolescentes qui ont des douleurs chroniques pelviennes très sévères pendant leurs règles, on a estimé que la fréquence de la maladie était entre 70 et 75%. Donc malgré la grande fréquence de l’endométriose on ne sait pas encore très bien ce qui fait que une femme ou une adolescente va développer cette maladie.
Sous titre : Pourquoi est-ce que ça tombe sur moi ?
Voix : Donc dans les causes suspectées de l’endométriose il y a une composante hormonale puisque c’est une maladie qui est hormono-dépendante. Il y a également une composante immunitaire. On ne sait pas encore si l’endométriose génère des troubles immunitaires ou bien si un trouble du système immunitaire va générer une endométriose à un moment donné. On ne sait pas dans quel sens ça va.
Dans les facteurs de risques qui ont été associé à l’endométriose il y a notamment des expositions environnementales comme le bisphenol A, les phtalates, les pesticides organochlorés ou les dioxydes. Et donc ces composés sont des perturbateurs endocriniens. Ces perturbateurs peuvent jouer un rôle sur le risque de la maladie.
Sous titres : C’est vraiment une calamité cette maladie. Oh oui, ça fait mal ! Mais en plus c’est peut-être grave…
Voix : Les femmes qui font de l’endométriose peuvent avoir des troubles de la fertilité. Un antécédent d’endométriose est associé à un risque accru du cancer de l’ovaire. Nous avons observé que les femmes atteintes d’endométriose avaient 62% de risques en plus de mélanomes, le cancer de la peau le plus létal. Pour l’instant, on n’en sait pas encore suffisamment sur la question mais ce sont des recherches qui sont actuellement en cours en France et aux Etats-Unis.
Sous titres : Qu’est ce qui t’arrive ? Je ne sais pas, j’ai encore mal, c’est pas normal.
Voix : On a estimé que le délai moyen entre le début des symptômes et le diagnostique chirurgical de la maladie était de 6 à 7 ans. Mais quand les douleurs sont très sévères et notamment quand elles nécessitent de rester couché un certain moment dans le cycle menstruel il faut que cela fasse penser à l’endométriose et il faut consulter un gynécologue ou un médecin.
Avec la participation de
Marina Kvaskoff
Brigham and Women’s Hospital
Laboratoire
Merci à
Françoise Clave-Chapelon
CESP Inserm
Equipe « Nutrition, hormones et santé de la femme »