Bruno Falissard Pédopsychiatre
-Les êtres humains sont profondément sociaux et ils font attention aux autres.
Nous sommes très forts pour ça.
Quand vous rentrez et que vous dites à votre famille : "Comment ça va ?" si la réponse est mitigée, vous verrez aussitôt qu'il y a un problème, vous demanderez : "Tu es sûr ?
J'ai l'impression que non." Ça a été testé expérimentalement, nous avons une aptitude à déceler la souffrance de l'autre, à l'empathie, qui est absolument extraordinaire.
L'être humain, spontanément, est tourné vers l'autre et a envie de l'aider.
C'est une de ses forces et ça l'aide à vivre en société.
Ça ne doit pas étouffer, à tout le temps demander : aux autres, "Tu es sûr que ça va ?" "Oui". "Mais j'ai l'impression..." Il y a une limite à trouver entre laisser l'autre l'autonome, et même accepter qu'il n'aille pas bien, parce que ça fait partie de la vie, on veut le gérer tout seul et c'est comme ça, et trouver le moment où il faut agir et dire : "Je crois que ça ne va pas, tu as besoin d'aide, je vais t'aider." Cette limite est importante.
Chez l'adolescent, c'est particulièrement important parce qu'il se construit comme un être autonome.
Il a besoin qu'on le laisse tranquille pour se construire seul.
Quels sont les mots-clés ?
De mon point de vue, le mot-clé, c'est qu'on doit aider quelqu'un quand on pense qu'il se met en danger.
Se mettre en danger c'est : tout à coup saborder sa scolarité, tout à coup être désagréable avec les gens, rompre ses relations avec ses amis parce qu'en général ces conduites ressemblent à de l'autodestruction.
Je fais le vide autour de moi mais c'est pour me faire du mal.
On ne sait pas pourquoi les êtres humains veulent se faire du mal.
C'est un mystère mais ça existe.
La scolarité, les relations, et bien entendu les toxiques ou les conduites à risque.
Dès qu'on voit que l'autre s'engage dans une direction qu'il choisit mais qui n'est pas pour son bien, où il cherche à se faire du mal, il faut dire : "Stop, je pense que tu te fais du mal, que tu as besoin d'aide et je suis là pour ça."