J’ai commencé par m’intéresser à des gens qui ont ce qu’on appellent des difficultés d’introspections émotionnelles. Qui ont du mal à dire ce qu’ils ressentent, qui ont du mal à communiquer leurs émotions, à comprendre les émotions des autres.
Voix : ça concerne environ quinze pour cent de la population de tout venant, y compris chez des gens qui ne souffrent d’aucun troubles psychiatriques ou neurologiques.
Titre : PEUT ON VOIR LES EMOTIONS ?
Voix : Tout à été révolutionné à partir du moment où les chercheurs ont eu la possibilité d’aller regarder le cerveau en fonctionnement de manière totalement non-invasive et totalement indolore.
Titre : Y A-T-IL UNE ZONE DU CERVEAU POUR CHAQUE EMOTION ?
Voix : Les neuroscientifiques ont montré qu’il y avait des liens étroits entre l’activation de certaines structures et l’induction de certaines émotions et par exemple l’implication de l’amygdale dans la réaction de peur.
Mais ce qu’ils ont surtout montré plus récemment c’est qu’il y a des transferts d’informations des structures les plus profondes du cerveau vers les régions préfrontales et en retour ces portions vont informer les structures profondes par des voies descendantes et c’est donc bien une réponse de circuit entier qui est en jeu dans le fonctionnement affectif d’un individu.
Titre : Y A-T-IL UN AGE DE RAISON ?
Voix : Ce qui a été démontré ces dernières années, c’est qu’effectivement le cerveau continu à se développer tout au long de l’enfance, mais beaucoup plus tardivement que ce que l’on pensait, et en fait jusqu’à environ vingt / vingt cinq ans. Et les portions du cerveau qui se modifient le plus ce sont les territoires corticaux et ce sont ces régions supérieures qui sont les plus plissées. C’est la raison pour laquelle les enfants et les adolescents n’ont pas encore un comportement émotionnellement tout à fait adapté. Toutes les structures qui sont impliquées dans la réactivité émotionnelle de base sont là et sont très actives, mais les structures qui leurs permettent vraiment de prendre en compte l’aspect émotionnel de la situation et d’adapter leur comportement, elles ne matures beaucoup plus tardivement.
Ces connaissances qu’ont maintenant les chercheurs dans les neurosciences des affects, pourraient aussi avoir des applications dans la vie quotidienne, et je pense notamment aux modifications de la loi qui ont été faites dans certains états aux Etats-Unis, puisque sur la base de ces travaux qui montrent que le cerveau de l’adolescent n’est pas mature, certains états ont décidé que l’on ne pouvait pas appliquer la loi de la peine de mort à des adolescents avec l’argument qu’ils ne sont effectivement pas responsable au sens anatamo-fonctionnel. Cela peut expliquer aussi tous les troubles que l’on voit émerger à l’adolescence. Je pense par exemple aux prises de consommation de substances puisque en fait les structures du cerveau qui sont impliquées par exemple dans cette recherche de plaisir, qui sont des structures profondes, elles sont là, elles sont déjà très en demande à l’adolescence alors que justement les structures qui vont permettre de lui dire « oui mais alors là fait attention il y a un prix à payer, il y a un risque », ces structures là ne sont pas encore matures.
Réalisation :
Véronique Kleiner
Production :
Universcience, Inserm, CNDP, Picta productions
Année de production :
2013
Durée :
4min32
Accessibilité :
sous-titres français