Elle est entrée dans la boutique de luminaires.
Et elle l’a immédiatement reconnue.
Là, suspendue au plafond, une petite « Discophaera tubifera », l’algue microscopique qu’elle avait prélevée près de vingt ans auparavant par trois mètres de fond, au large des côtes mauritaniennes.
Telle qu’en elle-même, élégante et familière, inchangée.
Le corps unicellulaire, parfaitement sphérique.
Les écailles ourlées en forme d’embouchures de trompette, diaphanes et fragiles corolles de calcaire.
Minuscule montgolfière s’élevant et descendant le long des colonnes d’eau de l’océan.
Sans la connaître, sans même avoir jamais soupçonné son existence, le styliste décorateur l’avait exactement reproduite, et métamorphosée en un élégant lustre contemporain.
Alors elle a repensé aux lois universelles de la nature, au mystère des structures et des formes souvent répétées à l’identique, comme par hasard.
Émue et attendrie, elle est sortie du magasin ainsi qu’on quitte une vieille connaissance que l’on vient de retrouver.
Discophaera tubifera
Microscopie électronique à balayage
Marie-Josèphe CHRÉTIENNOT-DINET – Observatoire Océanologique de Banyuls – Banyuls-sur-mer
(UPMC/CNRS)