Insight à l’écoute des frissons martiens
Un bruissement à la surface de Mars, un minuscule éboulis de grains de sable depuis la crête d’une dune, ce sont des manifestations subtiles que s'apprête à analyser la sonde Insight.
Bernard Nomblot - Publié le
Voilà, c’est fait ! Insight est sur Mars pour y commencer une mission de deux années terrestres. Après une descente vers le sol de Mars avec bouclier thermique, parachute et rétrofusées, la sonde américaine s’est posée le 26 novembre au soir dans la plaine martienne d’Elysium. Elle a même déjà transmis les premières images de son environnement.
Cette mission est une première : il s’agit d’ausculter le sous-sol de Mars pour étudier la structure interne de la planète. Et ce, grâce à deux instruments, le sismomètre SEIS dont la construction a été supervisée par le Centre national d'études spatiales (Cnes) et un capteur de flux de chaleur nommé HP3 développé par l’Agence spatiale allemande (DLR). Ces deux instruments seront déposés sur le sol à l’aide d’un bras robotisé, sous le regard attentif d'une caméra d'Insight.
Un noyau solide ou liquide ?
L’objectif est de connaître un peu mieux la structure interne de Mars. La mission doit débuter très rapidement, avec l’ouverture des panneaux solaires, suivie du déploiement du sismomètre au sol. Cela prendra plusieurs jours, puis l’instrument au sol sera protégé par une cloche assurant une protection thermique et éolienne. Ce sera ensuite au HP3 d’être mis en place. Cet instrument doit forer le sol de Mars sur une profondeur de deux à cinq mètres. Une fois placé à la profondeur voulue, l’instrument commencera à collecter des données sur la quantité de chaleur s’échappant des profondeurs de Mars. Un tel instrument n’a jamais été utilisé sur une autre planète et ceux installés sur la Lune dans les années 1970 ont été difficilement installés par des astronautes.
Ces deux instruments ont plusieurs missions : mesurer l’épaisseur de la croûte martienne, caractériser les couches de la planète, préciser nos connaissances sur la taille et la densité du noyau. On devrait ainsi savoir si ce noyau est solide ou liquide, et on devrait aussi, pour la première fois, mesurer l’activité sismique sur une autre planète. On ignore encore aujourd’hui s’il y a des tremblements de terre sur Mars. La mission scientifique proprement dite devrait débuter en janvier 2019 pour s'achever en 2021.