Déjections de baleines : un effet climatique ?
C'est l’expédition la plus ambitieuse jamais menée… sur les traces des excréments de baleine bleue. En jeu, la compréhension d'un mécanisme d'atténuation du changement climatique.
Yseult Berger - Publié le
Une équipe internationale s’apprête à embarquer pour sept semaines à bord d’un navire océanographique australien, pour étudier les plus gros mammifères terrestres de la planète… ou plus précisément, leurs déjections.
Protégée depuis 1966, la baleine bleue peut mesurer jusqu’à 30 mètres et vit principalement dans les eaux froides du pôle sud. Ses déjections sont assez surprenantes, car elles forment un panache rouge ou orange vif à la surface : c’est la conséquence du régime alimentaire de la baleine, composé de krill, riche en pigments de la famille des caroténoïdes.
Si les scientifiques s’intéressent d’aussi près aux déchets organiques de cette espèce, c’est qu’ils sont riches en fer. Or l’océan Austral est en quelque sorte carencé : il lui faut des fertilisants pour permettre le développement des micro-algues. Base de la chaîne alimentaire, ce phytoplancton, en outre, absorbe beaucoup de CO2 atmosphérique, principal gaz à effet de serre responsable du changement climatique.
La nouvelle expédition, à laquelle participera notamment l'université de Liverpool, tentera de quantifier l’impact éco-systémique des baleines bleues, et de le comparer à celui d’autres animaux polaires – comme les manchots et les phoques – qui ont tendance à déféquer sur la glace plutôt que dans l’eau. Départ de la mission : janvier 2019.