2018-2022 : des températures encore plus élevées que prévu
Grâce à un nouveau type de modèle, des chercheurs français, anglais et néerlandais prédisent dans les quatre années à venir que la variabilité naturelle du climat pourrait générer un climat beaucoup plus chaud que prévu.
Véronique Marsollier - Publié le
Les températures de la surface de la Terre en 2017(chiffres NASA) ont été les deuxièmes les plus chaudes depuis 1880.L'année 2016 a été encore plus chaude que 2017, en partie à cause d'El Niño, un phénomène de variabilité naturelle s'ajoutant au réchauffement global.
2017 se hisse au rang des années les plus chaudes à l’échelle de la planète depuis la fin du 19e siècle, et ce d’autant plus qu’il s’agit d’une année dépourvue de l’influence du phénomène El Niño. C’est le résultat récent publié par la NOAA, l’agence fédérale américaine chargée de l’observation des océans et de l’atmosphère. Et l’année 2018 semble confirmer la tendance...Mais des chercheurs du CNRS, de l’université de Southampton et de l’Institut royal météorologique des Pays-Bas vont encore plus loin : ils annoncent dans une étude parue le 14 août dans la revue Nature communication que les années 2018 à 2022 risquent d’être encore plus chaudes que prévu.
En cause, les effets de la variabilité naturelle du climat qui s’ajoutent au réchauffement climatique global induit par les activités humaines. Ces phénomènes se manifestent sur plusieurs années engendrant des phases climatiques chaudes et froides et dont le plus connu est El Niño, ce cycle naturel de réchauffement de eaux du Pacifique qui réapparait tous les trois à sept ans.Ce « hiatus climatique » a été constaté entre 1998 et 2012 lorsque le réchauffement climatique a semblé faire une pause alors que ce n’était pas le cas.
Les climatologues s’appuient à l’heure actuelle sur de nombreux modèles pour tenter d’anticiper les variations du climat pour les années à venir en observant ce qui se passe aujourd’hui. Mais ces modèles sont loin d’être fiables. L’équipe internationale a alors adopté une autre démarche pouvant prédire l’évolution de ces cycles naturels. Elle a mis au point un dispositif appelé PROCAST (« Probabilistic forecast ») s’appuyant sur une nouvelle méthode statistique. En se focalisant sur la prédiction des variabilités naturelles du climat, ils ont combiné une série de modèles climatiques. PROCAST a ensuite pu « apprendre » à partir des simulations déjà réalisées par ces modèles.
Deux avantages essentiels en découlent, explique Florian Sévellec, chercheur au CNRS (laboratoire d’océanographie physique et spatiale) et directeur de l’étude. Le premier, celui d’être « libéré » des résultats d’un seul modèle pouvant être biaisé. Le second concerne la vitesse des prévisions. Elles sont réalisées en quelques centièmes de seconde à partir d’un ordinateur portable au lieu de dépendre de calculs effectués par un supercalculateur pendant une semaine. La précision et la fiabilité des prédictions ont été vérifiées par une série de prévisions a posteriori, avec de bons résultats sur cinq ans, corroborant par exemple le hiatus post 1998.
Cette nouvelle méthode révèle ainsi que la variabilité climatique naturelle, en plus du réchauffement global, serait à l’origine d’une phase anormalement chaude pour les quatre années à venir. Plus précisément, les résultats indiquent une probabilité d’années plus chaudes que froides pour la période 2018-2022, avec un indice de confiance de 64 % pour les deux prochaines années. Le réchauffement risque ainsi de s’amplifier et, à l’instar de l’été 2018, des températures extrêmes seront encore à redouter.