Virus : l’OMS déclare l’urgence internationale
Publié le - par Le blob, l’extra-média, avec l’AFP
Les États-Unis ont enjoint à leurs ressortissants de ne pas voyager en Chine, où le bilan du nouveau coronavirus s’est alourdi vendredi à 213 morts, alors que de nombreux pays durcissaient leurs mesures de précaution face à une épidémie déclarée urgence internationale par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Washington a monté son niveau d’alerte au cran maximal en recommandant tard jeudi « de ne pas se rendre » en Chine en raison de l’épidémie de pneumonie virale dans le pays, alors que les cas de contamination locale se multiplient dans le monde.
À l’issue d’une réunion quelques heures plus tôt à Genève, l’OMS, critiquée précédemment pour ses atermoiements, a déclaré que l’épidémie du nouveau coronavirus constituait « une urgence de santé publique de portée internationale ».
Les autorités chinoises ont fait état vendredi de 43 nouveaux décès en vingt-quatre heures, le bilan s’élevant désormais à 213 morts. Le nombre de patients contaminés approche 10.000 en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), dépassant celui atteint lors de l’épidémie de Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère) en 2002-2003.
Si l’immense majorité des cas de contamination restent localisés en Chine, au premier chef dans la province du Hubei d’où s’est propagée l’épidémie, une centaine ont également été déclarés dans près de 20 autres pays, y compris en Europe et Amérique du Nord.
Les mesures de précaution internationales s’intensifient : Tokyo a demandé vendredi à ses ressortissants d’éviter les voyages non indispensables vers l’ensemble de la Chine. La Russie, elle, a fermé sa frontière avec son voisin, et les restrictions – notamment des suspensions de visas pour visiteurs chinois -- se renforcent en Asie.
L’Italie et Israël ont annoncé suspendre tous les vols en provenance de Chine, tandis que plus d’une quinzaine de compagnies aériennes, dont Air France, British Airways et Lufthansa, ont interrompu leurs vols vers le pays.
L’OMS a cependant averti jeudi que les restrictions à la circulation des personnes et des biens pendant une urgence de santé publique pourraient s’avérer « inefficaces », perturber la distribution de l’aide et plomber l’économie des pays touchés.
Des Chinois rapatriés
En Chine même, la métropole de Wuhan (centre) où est apparu en décembre le nouveau coronavirus, reste coupée du monde depuis le 23 février, tout comme la province environnante du Hubei – un cordon sanitaire interdisant à quelque 56 millions d’habitants d’en sortir. Pékin a cependant envoyé vendredi deux avions pour rapatrier quelque 200 habitants du Hubei se trouvant respectivement en Thaïlande et en Malaisie, et les reconduire à Wuhan, selon l’autorité chinoise de l’aviation civile (CAAC).
À l’inverse, à la suite des États-Unis, du Japon et de la Corée du Sud, plusieurs pays continuent d’organiser l’évacuation d’une partie de leurs ressortissants piégés à Wuhan. Un avion français en a décollé vendredi matin, peu après 7 h heure locale, pour rapatrier quelque 200 Français. « Il y a de la tristesse de quitter un pays auquel on est attaché. Et puis du soulagement, car on ne sait pas comment les choses vont tourner en Chine », a confié Adrien, 26 ans, lors de l’évacuation.
Un second vol est prévu plus tard cette semaine pour évacuer d’autres Français et des ressortissants d’autres pays européens. Également vendredi, un appareil affrété par le Royaume-Uni pour rapatrier des Britanniques et d’autres Européens a décollé de Wuhan avec 110 personnes à bord.
L’Inde a elle aussi envoyé un avion pour rapatrier quelque 300 de ses ressortissants. D’autres pays – Italie, Allemagne, Canada ou encore Bangladesh – planifient leurs propres opérations. À Wuhan, qui garde des allures de ville fantôme, la circulation des véhicules non essentiels est interdite, les hôpitaux restent débordés et des milliers d’étrangers demeurent sans certitude de pouvoir partir.
« J’ai l’impression que (le gouvernement thaïlandais) ne se soucie pas de nous. Je pourrais mourir de faim, être infectée et mourir », se désolait jeudi Aphinya Thasripech, une Thaïlandaise trentenaire enceinte. Les rapatriés français seront soumis à quarantaine pendant 14 jours dans un centre de vacances et les Britanniques, eux, seront isolés sur une base militaire.
Transmissions interhumaines
« Notre plus grande préoccupation est la possibilité que le virus se propage dans des pays dont les systèmes de santé sont plus faibles », s’est alarmé jeudi le directeur de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus. De nombreux pays ne sont pas prêts à faire face à l’épidémie, avertit également le Conseil de supervision de la préparation globale (GPMB), organe de contrôle international basé à Genève.
D’autant que des transmissions interhumaines se multiplient hors de Chine, enregistrés en Allemagne, au Japon, aux États-Unis ou en France. Aux États-Unis, le mari d’une sexagénaire ayant contracté le virus en Chine a été contaminé à son tour, portant le nombre de cas à six au total.
En France, un sixième cas d’infection a été annoncé : un médecin contaminé par une personne rentrée en Chine. En Italie, aucun cas n’a été finalement détecté parmi les 7 000 passagers d’un navire de croisière confinés à bord jeudi. Mais le pays a ensuite déclaré deux cas, ceux de deux touristes chinois.
À travers la Chine, où les congés du Nouvel An lunaire sont prolongés jusqu’au 2 février, les habitants effrayés désertent commerces et restaurants, tandis que des villages se barricadent derrière des barrages sauvages. Les personnes originaires de Wuhan se heurtent partout à la suspicion, tandis qu’à l’étranger, les communautés chinoises font part d’une recrudescence d’attitudes discriminatoires à leur encontre.
L’impact de l’épidémie sur l’économie mondiale dépendra notamment de sa durée, a par ailleurs averti le Fonds monétaire international, alors que beaucoup d’entreprises et usines chinoises resteront fermées jusqu’au 9 février au moins.