Image légendée
© AFP/Archives KAREN BLEIER

Voici les principaux points du rapport dédié à l’usage des terres et au réchauffement climatique rendu public jeudi par le GIEC, le groupe des experts du climat de l’ONU. 

Des terres dégradées

Les hommes utilisent directement plus de 70 % des terres émergées et non recouvertes par les glaces, indique ce rapport. Environ un quart de cette surface est dégradée par leurs activités. L’expansion de l’agriculture et de la sylviculture et une augmentation des rendements ont permis de nourrir une population croissante, mais ont aussi entraîné une hausse des émissions de gaz à effet de serre, une perte d’écosystèmes et une baisse de la biodiversité. Le rapport insiste aussi sur la menace posée par la désertification et la nécessité de lutter contre ce phénomène.

Un réchauffement rapide

La température moyenne mondiale sur les surfaces émergées augmente plus vite que la température globale, océans compris. Depuis la période préindustrielle, elle a progressé « de 1,53 °C », selon le rapport. Ce réchauffement provoque une hausse de la fréquence et de l’intensité des canicules et des sécheresses. « Le changement climatique a déjà affecté la sécurité alimentaire », via des événements climatiques extrêmes, une diminution des récoltes dans certaines régions ou encore une productivité moindre des systèmes pastoraux en Afrique. « Avec un réchauffement climatique autour de 1,5 °C, les risques de pénurie d’eau dans les zones arides, de dommages causés par les incendies, de la dégradation du permafrost et d’instabilité dans l’approvisionnement alimentaire sont prévues comme étant importants ». À 2 °C, les risques pour l’approvisionnement alimentaire pourraient devenir « très importants ». Les femmes, les enfants, les personnes âgées et les plus pauvres sont en première ligne.

Image légendée
25 à 30% de la production totale de nourriture est gaspillée © AFP/Archives JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN

Le poids du système alimentaire

Notre système alimentaire pèse lourd dans les émissions de gaz à effet de serre. L’agriculture, la sylviculture et les autres usages de la terre, comme l’élevage, représentent 23 % du total des émissions. Elles sont encore plus importantes en prenant en compte la totalité du système alimentaire et devraient augmenter à l’avenir, « tirées par la croissance démographique, des revenus et les changements de régime alimentaire ». Les habitudes alimentaires ont évolué au cours du demi-siècle écoulé : l’approvisionnement en viande par habitant a plus que doublé en moyenne depuis 1961, alors même que 820 millions de personnes souffrent de la faim. Dans le même temps, deux milliards d’adultes sont en surpoids ou obèses et « 25 à 30 % de la production totale de nourriture est gaspillée ».

Comment utiliser les terres

Le GIEC a élaboré différents modèles pour imaginer comment limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C ou bien en dessous de 2 °C par rapport à la période préindustrielle. Ils incluent des mesures d’atténuation basées sur les terres et des changements d’usage, combinant boisement, reboisement, une déforestation réduite et des bioénergies.

Image légendée
Pénuries alimentaires dans le monde © AFP Thomas SAINT-CRICQ

Ces modèles permettent de limiter le réchauffement à 1,5 °C sans nécessiter des changements d’usage de terres massifs, fait valoir le rapport. Les solutions sont à chercher du côté d’une réduction du gaspillage alimentaire, un changement de régime alimentaire – ce qui permettrait de libérer des millions de km2 de terres d’ici 2050 – une restauration des écosystèmes, une amélioration de la gestion des forêts, une hausse de la productivité alimentaire durable… Les scénarios nécessitant en revanche des conversions de terres à très grande échelle pour lutter contre le réchauffement pourraient avoir « des effets secondaires indésirables sur l’adaptation, la désertification, la dégradation des terres et la sécurité alimentaire ».

Gérer et consommer autrement

Des changements dans les modes de consommation seront nécessaires et peuvent être orientés par des choix politiques, selon le Giec. « Des régimes équilibrés reposant sur des aliments à base de plantes, tels que ceux basés sur les céréales secondaires, les légumineuses, les fruits et légumes, les fruits à coque et les graines et des aliments d’origine animale produits dans des systèmes résilients, durables et à faibles émissions de gaz à effet de serre présentent d’importantes opportunités », souligne le rapport, qui encourage aussi la lutte contre le gaspillage alimentaire. Ce texte rappelle aussi la nécessité, déjà mise en avant dans le précédent rapport du Giec, de réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre afin d’éviter « des pertes irréversibles » au sein des écosystèmes nécessaires pour la nourriture, la santé et l’habitat des humains.