Spectacles de fauves ou dauphins : leur fin en débat à l’Assemblée
Publié le - par Le Blob.fr, avec l'AFP
Les cirques sont en colère, les associations de protection animale applaudissent : dans une ambiance chahutée, l’Assemblée a commencé jeudi soir à débattre de la fin progressive des spectacles d’animaux sauvages dans les cirques ambulants et des numéros de dauphins, après les annonces du gouvernement fin septembre. Les dix heures d’échanges sur un premier texte au menu dans l’hémicycle jeudi, concernant l’IVG, pourraient compromettre le vote final concernant les animaux. L’auteur de la proposition de loi soumise en première lecture, l’ex-LREM Cédric Villani (groupe EDS), a dit son souhait d’acter « de réelles avancées » jeudi soir, alors qu’il restait seulement deux heures à consacrer à son texte. Le groupe majoritaire a expurgé en commission le texte de ses mesures contre la chasse à courre ou l’élevage intensif, à son grand dam.
Pour les cirques, le gouvernement programme une transition en « quelques années » : « on va commencer par les animaux qui sont les moins adaptés aux déplacements, les éléphants, les hippopotames. Après, on va passer aux fauves », avait indiqué jeudi matin la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili. Devant les députés, la secrétaire d’Etat à la Biodiversité Bérangère Abba a renouvelé la promesse d’un « accompagnement » des cirques ou delphinariums, pour ne laisser « personne au bord du chemin ». Critiqués pour le manque de mesures concrètes adoptées jusqu’ici, les « marcheurs » se positionnent sur le bien-être animal, en plein essor après la campagne médiatique pour un « référendum pour les animaux », soutenue par près de 800 000 internautes et plus de 140 parlementaires.
« Exploitation démagogique »
La « mobilisation citoyenne » est « nécessaire, utile », a estimé Aurore Bergé au nom des LREM, appelant à un « débat apaisé » jeudi soir. Las, le communiste Hubert Wulfranc, bien que soutien de la proposition de loi, a aussitôt après dit son refus d’un « débat bâclé, tronqué » et de « toute exploitation démagogique qui pourrait en être faite ». Plusieurs parlementaires ont pointé tous les sujets absents, de l’abattage rituel aux animaleries.
En ne reprenant qu’une partie du texte de Cédric Villani, la majorité revendique un « équilibre » sur cette thématique transpartisane. Chez les écolos d’EDS, petit groupe parlementaire composé surtout de déçus de LREM, on se félicite d’avoir joué le rôle « d’aiguillon » et on critique les « tergiversations » du gouvernement depuis 2017. Les mesures contre les spectacles d’animaux sauvages et pour l’interdiction de l’élevage de visons pour fourrure en cinq ans devraient susciter une assez large adhésion. Même si certains grincent des dents, notamment à droite comme le LR Julien Aubert, et quelques voix de la majorité. « C’est du populisme électoral. C’est un discours de bobos qui pourront emmener leurs enfants faire des safaris. Qu’est-ce qu’on va faire pour les enfants pauvres ? Ce ne sera jamais assez. Après les cirques, ce sera les zoos... », lance un député LREM. Par amendements, des « marcheurs » entendent compléter la proposition de loi par l’interdiction des spectacles d’ours et de loups en « cinq ans », et la fin des numéros d’animaux sauvages dans les discothèques et les émissions de télévision.
Pour les delphinariums, des élus de la majorité voudraient interdire la détention d’orques deux ans après la promulgation de la loi et dans sept ans pour les dauphins. Trois établissements détiennent des cétacés en France (28 dauphins et 4 orques), notamment le Marineland d’Antibes (Alpes-Maritimes), vent debout contre le texte.
Les circassiens aussi sont en colère. Plusieurs dizaines de professionnels ont manifesté mardi à Paris près du ministère de la Transition écologique. Barbara Pompili a promis de mettre « au moins 8 millions » d’euros sur la table pour la reconversion des cirques ambulants et des trois delphinariums du pays. Une enveloppe « ridicule » aux yeux du Marineland d’Antibes.