S’hybrider entre cousins pour résister à la pollution
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Fundulus Grandis ou Gulf killifish en anglais est un poisson qui, du Texas à la Floride, peuple les eaux du golfe du Mexique. Une zone écologiquement très riche mais qui, depuis cinquante ans, est contaminée par une pollution massive : plates-formes de forage, activité industrielle (pétrochimie, papeterie…), concentration d’azote et de phosphates, etc. Du côté de Galveston Bay, non loin de Houston et de Pasadena, cette « soupe toxique » menaçait l’espèce d’extinction. Or, l’introduction accidentelle d’un poisson cousin, l’Atlantic Killifish (Fundulus heteroclitus), une espèce envahissante capable génétiquement de résister à la pollution, est en train de lui sauver la vie : les deux espèces se sont hybridées et les gènes de résistance se sont transmis entre cousins. Comme quoi, l’introduction d’espèce envahissante, souvent catastrophique pour les écosystèmes, est parfois gage de survie.
Comment ces résultats ont-ils été obtenus ?
Elias Oziolor et ses collègues, auteur de l’étude publiée dans Science, ont utilisé des analyses expérimentales et génomiques de population pour mieux comprendre la nature de ces adaptations. Ils ont identifié des variations dans les gènes connus pour être associés à la résistance aux toxines. Leurs analyses suggèrent en outre que ces adaptations génétiques sont probablement dues à une récente hybridation accidentelle avec l’Atlantic Killifish. Comme la population la plus proche d’Atlantic Killifish se trouve à plus de 2 500 kilomètres, ces poissons ont probablement été introduits dans la région par les activités humaines, par le transport d’eaux de ballast ou la pêche.
Un exemple qui montre que l’hybridation entre différentes espèces peut jouer un rôle important dans l’adaptation aux changements environnementaux rapides. « De nombreuses espèces font aujourd’hui face à la menace d’espèces nouvellement introduites dans leur habitat. Le rôle de l’hybridation en tant que force créatrice, par opposition à une force destructrice, est une question controversée mais importante », déclare Karin Pfenning, biologiste de l’université de Caroline du Nord.