RV dans 17 ans : la saison des cigales s'achève aux États-Unis
Publié le - par Le Blob.fr, avec l'AFP
L’une a provoqué un accident de voiture, l’autre a osé atterrir sur le cou du chef de la première puissance mondiale. Après une saison agitée, les fameuses cigales dites périodiques, qui n’émergent que tous les 17 ans aux États-Unis, sont en train de quitter les gros titres et la surface de la terre.
Ces Magicicada septendecim, ou « cigales de dix-sept ans » sont sorties par milliards depuis avril et mai dans plusieurs États de l’Est américain, comme le Maryland et l’Ohio, ainsi que dans la capitale fédérale Washington.
Pendant des semaines, elles ont vécu comme leurs ancêtres avant elles : sorties du sable à l’état de nymphes après avoir emprunté des tunnels patiemment creusés, dès que la température est montée, elles ont mué, se sont accouplées, ont pondu pour perpétuer l’espèce puis ont trépassé.
Mais pas avant d’avoir maladroitement volé d’arbre en arbre, de s’être heurtées toutes vrombissantes à des humains ou d’être tombées dans leurs assiettes.
La veille du départ du président Joe Biden pour son premier voyage à l’étranger, une nuée de cigales était apparu sur les radars météo et avait envahi les moteurs de l’avion devant transporter les dizaines de reporters accompagnant le président dans sa tournée. L’appareil est resté cloué au sol pendant plusieurs heures et finalement un autre avion a dû être affrété.
Et bien que les « cicadas » soient, à l’inverse des criquets, inoffensives, elles peuvent être à l’origine de fâcheux événements. Comme à Cincinnati, dans l’Ohio. « Historiquement, chaque fois qu’elles émergent, plusieurs accidents de voiture leur sont attribués. C’est la même chose cette année », a écrit la police de la ville le 7 juin sur Facebook. « Prenez soin de garder vos vitres fermées », ont exhorté les forces de l’ordre.
L’heure de leur départ, justement, a sonné dans plusieurs régions où on ne les entend plus chanter, et où leurs corps désormais sans vie jonchent les trottoirs.
Pour les entomologistes, c’est le moment de commencer à évaluer la saison.
« En certains endroits, elles semblent avoir élargi leur présence, tandis qu’ailleurs, leur présence a diminué. Cela va prendre du temps de passer en revue les données », explique John Cooley, du département d’écologie et biologie évolutionnaire de l’université du Connecticut à Hartford, qui a lancé un projet de cartographie des cigales.
« Là où les arbres ont été arrachés et des surfaces construites, les cigales sont parties pour toujours. En revanche, là où les terrains agricoles sont redevenus des parcs ou des biens résidentiels, et où des arbres ont été plantés, il y a davantage de cigales », précise Michael J. Raupp, du département d’entomologie de l’université du Maryland.
Quant au réchauffement climatique, « il va certainement les affecter, mais on ne sait pas exactement comment », selon le Dr Cooley.
Pour le professeur Raupp, la hausse des températures va « permettre aux cigales d’élargir leur présence plus au nord », et on pourrait les voir apparaître « plus tôt dans l’année ». Autre hypothèse, certaines pourraient émerger tous les 13 ans plutôt que tous les 17 ans, ajoute-t-il.
Les cigales auront en tout cas rythmé ce printemps de l’entre-deux, entre pandémie de coronavirus et libération vaccinale, et parfois poussé à des réflexions existentielles.
Car au moment où les nymphes s’enfouissent sous terre pour passer les deux prochaines décennies à se nourrir du suc de racines d’arbres, et que croît l’inquiétude sur l’état de la planète, difficile de ne pas se demander où en sera l’humanité dans 17 ans. La réponse en 2038, ou peut-être avant.