Que retenir du dernier rapport du Giec ?
Publié le , mis à jour le - par Marie Brière de la Hosseraye
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) vient de publier son rapport de synthèse, qui conclut huit ans de travaux. Ce rapport appelle à un sursaut international pour limiter le réchauffement à 1,5 °C et propose un « guide pratique pour désamorcer la bombe à retardement climatique ».
Les résultats de ces années de travaux scientifiques sont sans appel : la planète s’est déjà réchauffée de 1,1 °C et le niveau des mers est monté de 20 cm depuis 1901. Près de la moitié de l’humanité vit dans un environnement extrêmement vulnérable au changement climatique. Les activités humaines sont clairement responsables de la hausse des températures et des vagues de chaleur extrêmes observées ces dix dernières années, qui auraient été « extrêmement improbables » sans l’influence de l’Homme.
Article : Pourquoi un nouveau rapport du Giec ?
Alors que les vies de milliards de personnes sont déjà affectées par le changement climatique, la poursuite des émissions de gaz à effet de serre (GES) ne fera qu’accentuer les menaces sur la production alimentaire, l’approvisionnement en eau, la santé humaine, les économies nationales et la survie d’une grande partie de la faune et de la flore.
Pourtant, l’humanité peut encore agir. Conserver un monde vivable implique de réduire immédiatement et drastiquement les émissions dans tous les secteurs. Les options pour y parvenir, mais aussi pour s’adapter au dérèglement climatique, sont nombreuses, efficaces et disponibles dès maintenant.
- Réagir vite pour limiter la casse
À mesure que le réchauffement climatique s’accentue, il devient de plus en plus difficile de se développer de façon résiliente. Les choix actuels et des années à venir jouent un rôle essentiel dans notre avenir et celui des générations futures.
Pour maintenir le réchauffement à 1,5 °C au-dessus des niveaux antérieurs à l’ère industrielle, des réductions profondes, rapides et durables des émissions de GES dans tous les secteurs sont nécessaires. Les émissions devraient diminuer dès aujourd’hui et devront être réduites de près de moitié d’ici 2030 si l’on veut limiter le réchauffement à 1,5 °C.
- S’adapter pour protéger notre santé
Transformer l’accès à une énergie propre améliore la santé physique et mentale, en particulier celle des femmes et des enfants. En effet l’augmentation des températures, les traumatismes liés aux événements extrêmes, et la perte des moyens de subsistance et de la culture entraînent déjà une aggravation du stress et des maladies mentales.
Pour améliorer la qualité de l’air par exemple, mais aussi la santé et l’emploi, les politiques publiques peuvent favorisent la marche, le vélo ou les transports publics à grande échelle.
Et cet avantage de santé publique permet aussi d’économiser de l’argent. Les gains pour l’économie d’une meilleure qualité de l’air et son impact sur la santé seraient plus importants que les coûts de réduction des émissions.
Le climat, les écosystèmes et la société sont de toute façon interconnectés. Ainsi, la conservation de 30 à 50 % des terres, de l’eau douce et des océans de la planète est cruciale pour garantir une planète saine et habitable.
- Des solutions pour un développement résilient
Au cours de cette décennie, il est essentiel d’accélérer les mesures d’adaptation au changement climatique pour combler le fossé entre les mesures d’adaptation existantes et les besoins. Il faut par exemple généraliser l’agroforesterie, l’agroécologie, avec la diversification des cultures, la restauration des zones humides ou encore le verdissement des villes. Mais ces politiques demeurent fragmentées et inégalement mises en œuvre.
- Les pertes et dommages
« La mise en place d’une action climatique efficace et équitable ne réduira pas seulement les pertes et les dommages pour la nature et les populations, mais aura aussi des avantages bien plus vastes », a déclaré le président du Giec, Hoesung Lee.
« Près de la moitié de la population mondiale vit dans des régions très vulnérables au changement climatique. Au cours de la dernière décennie, les décès dus aux inondations, aux sécheresses et aux tempêtes ont été 15 fois plus nombreux dans les régions très vulnérables », a ajouté Aditi Mukherji, un des 93 auteurs du rapport.
- Financer la transition plutôt que les énergies fossiles
Au niveau mondial, les fonds nécessaires pour financer l’atténuation et l’adaptation existent déjà, mais il faut les rediriger vers la transition.
Les combustibles fossiles continuent d’attirer les financements publics et privés. Par conséquent, les émissions de GES ne cessent d’augmenter dans tous les secteurs, notamment les transports. Entre 2019 et 2020, l’investissement dans les énergies fossiles était plus important que dans l’adaptation au changement climatique et son atténuation.
Dans le secteur des énergies, l’investissement moyen dans les activités relatives aux combustibles fossiles s’élevait à 120 milliards de dollars par an. À titre de comparaison, les financements publics effectivement dirigés vers l’adaptation représentaient 46 milliards de dollars.
- Réduire drastiquement les infrastructures fossiles existantes
Pour limiter le réchauffement climatique d’origine humaine, il faut que les émissions nettes soient nulles. Les émissions de carbone projetées par les infrastructures existantes de combustibles fossiles, sans réduction supplémentaire, dépasseraient le budget carbone restant pour limiter le réchauffement d’origine humaine à 1,5 °C.