La France lance l’éolien en mer Méditerranée
Publié le - par Le Blob, avec l’AFP
La France, qui veut accélérer dans l’éolien en mer, a annoncé lundi les tout premiers appels d’offres en Méditerranée, où deux parcs offshore flottants devraient voir le jour d’ici à 2030. Ces deux sites permettront d’alimenter en électricité un million de personnes, a dit le Premier ministre Jean Castex, depuis Port-la-Nouvelle (Aude), qui accueillera l’un des parcs, à 22 km au large. L’autre parc sera implanté à 22 km au large de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), « sous réserve des résultats des dernières études environnementales », a précisé M. Castex. Chaque ensemble sera attribué dès 2023 à des développeurs, et comprendra une vingtaine d’éoliennes, pour une capacité de production de 250 mégawatts (MW) chacun. Ils pourront dans un second temps être étendus à 750 MW.
Cette annonce arrive un mois après le discours d’Emmanuel Macron sur l’énergie, qui proposait de passer à 50 parcs marins (40 gigawatts de capacités installées) d’ici à 2050. Malgré ses 2 800 km de côtes en métropole, la France est très en retard dans l’éolien en mer par rapport au Royaume-Uni, la Scandinavie ou même l’Allemagne. Le pays avait pourtant décidé de se lancer dès 2009, attribuant quatre premiers parcs. Mais, de procédures administratives en recours, aucun ne s’est encore matérialisé.
Aujourd’hui, sept projets sont dans les tuyaux, à des degrés divers d’avancement, en Atlantique ou en mer du Nord. Le tout premier, face à Saint-Nazaire, doit être mis en service d’ici à la fin 2022, 10 ans après son attribution au consortium EDF-Enbridge, et plus de 30 ans après l’ouverture d’un premier parc au Danemark. Pour tenir l’objectif des 50 parcs, le gouvernement a aussi annoncé lundi l’attribution de 2 GW de projets chaque année à partir de 2024, comme le demandait le secteur. Un engagement qui devra encore être inscrit dans la loi de programmation énergétique attendue mi-2023, note-t-on chez France Energie Eolienne (FEE), l’association professionnelle. Les représentants de la filière éolienne ont signé lundi un « pacte » avec la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, les industriels s’engageant sur les retombées locales et l’emploi (5 000 aujourd’hui, 20 000 d’ici à 2035).
Deuxième source d’électricité en France ?
Pour le secrétaire général de FEE, Michel Gioria, place désormais à « une planification fine », qui permettra d’organiser les moyens des services de l’Etat, le cadencement des appels à projets… « Ce qu’on apprend des pays étrangers est que sans cela, on n’y arrive pas », a-t-il dit à l’AFP après les annonces.
Pour Jean Castex, in fine, l’éolien offshore deviendrait ainsi « la deuxième source d’électricité en France après le nucléaire », générant « 20 % de la consommation d’électricité en France ». La France voit aussi dans le flottant une opportunité industrielle. La technologie flottante est encore balbutiante et chère, mais les observateurs y voient l’avenir du secteur. Elle n’a encore jamais été utilisée pour un parc commercial en France, mais un premier appel d’offre a déjà été lancé en 2021 pour un parc en Bretagne. Le flottant constitue une « très grande force » car il « peut être installé loin des côtes, lorsque les fonds sont profonds », comme en Méditerranée, a fait valoir le Premier ministre lundi. M. Castex a souhaité que la France devienne « une nation clé » pour cette technique, en structurant toute une filière pour construire les « flotteurs ». Deux appels à manifestation d’intérêt seront ainsi lancés en mars auprès des ports et industriels.
Du côté des régions méditerranéennes concernées, la présidente d’Occitanie Carole Delga s’est félicitée de l’annonce, se réjouissant que sa région fasse « figure d’exemple en France ». Port-La-Nouvelle en particulier accueille déjà depuis quelques années sociétés et infrastructures préparant l’installation de fermes éoliennes flottantes pilotes, attendues d’ici à 2024.
Au cours du débat public organisé en 2021 sur l’éolien en Méditerranée, l’État, le gestionnaire du réseau électrique RTE, les régions et une partie importante de la filière industrielle avaient défendu le calendrier souhaité par le gouvernement. En revanche, défenseurs de l’environnement, pêcheurs, scientifiques et des élus locaux s’étaient prononcés pour un report, devant les incertitudes pesant sur ce milieu méditerranéen riche et fragile.