Des tubercules au menu des premiers hommes modernes
Publié le , mis à jour le - par Olivier Boulanger
Peut-être va-t-il falloir redéfinir ce qu’est réellement un régime « paléo », ce régime inspiré de l’alimentation des premiers hommes modernes, et principalement constitué de protéines animales. Des restes retrouvés en Afrique du Sud montrent en effet que les premiers Homo sapiens consommaient déjà des tubercules il y a 170 000 ans, bien avant la révolution néolithique apparue il y a moins de 10 000 ans.
Les archéologues disposaient jusqu’ici de peu d’informations directes sur les espèces végétales consommées par nos ancêtres. Mais grâce aux travaux d’une équipe franco-sud-africaine réunissant des paléobotanistes et des archéologues – dont Francesco d’Errico, chercheur CNRS du laboratoire Pacea –, les restes d’une cinquantaine de rhizomes entiers et carbonisés ont pu être mis au jour à Border Cave, un célèbre site préhistorique sud-africain.
Étudiées au microscope électronique à balayages, ces tiges souterraines appartiennent à l’espèce Hypoxis angustifolia. Elles sont riches en glucides et ont une valeur énergétique élevée, mais leur nature fibreuse les rend difficiles à mâcher et à digérer : leur cuisson permet de les rendre plus digestes.
Les habitants de Border Cave ont probablement extrait ces rhizomes près de la grotte et ramenés pour les cuire dans les cendres des foyers. Le fait qu’ils aient été ramenés à la grotte plutôt que consommés sur place suggère que la nourriture était partagée.
Contrairement aux autres espèces d’Hypoxis, angustifolia est une plante à feuille persistante. Elle est ainsi disponible tout l’année et clairement identifiable dans le paysage. Particulièrement abondante en périodes humides, elle pouvait donc fournir une source de nourriture fiable lors de déplacements des populations.